Alors que leur région, la partie septentrionale du Mali, est en guerre depuis plus d’une décennie, leurs voix sont de moins en moins audibles. Année après année, les habitants de Kidal, Gao ou Tombouctou ont vu successivement patrouiller dans leurs rues différents bataillons d’hommes en armes : occupants jihadistes, militaires maliens, soldats français, Casques bleus, combattants indépendantistes, mercenaires russes… Sans qu’aucun ne les libère de cette «peur au ventre» qu’ils décrivent tous avec amertume, parfois avec rage.
Leur territoire, que les séparatistes désignent sous le terme d’«Azawad», est un immense espace désertique, faiblement peuplé. Depuis l’indépendance, l’Etat central malien peine à y appliquer sa loi. En dehors des grandes villes, où l’armée malienne dispose de garnisons, les communautés qui peuplent l’Azawad (Songhaï, Peuls, Touaregs, Arabes… ) vivent aujourd’hui sous la contrainte des groupes islamistes armés, qui administrent officieusement la zone. Une partie des habitants, sédentaires comme nomades, ont fui vers la capitale, ou dans les pays voisins (Mauritanie, Algérie), pour échapper aux jihadistes ou, à l’inverse, par peur des exactions commises par les militaires maliens et leurs alliés russes.
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