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Interview

Hervé Berville, rescapé du génocide au Rwanda : «On a longtemps entretenu la confusion entre bourreaux et victimes»

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Génocide des Tutsis au Rwandadossier
Depuis Kigali, où il participe aux commémorations des 30 ans du génocide, le secrétaire d’Etat se réjouit des progrès accomplis pour sortir du «déni collectif» en France. Mais dénonce les discours de haine persistants dans la région et la stigmatisation du Rwanda, son pays natal.
Le secrétaire d'Etat Hervé Berville, ici en 2018, a quitté le Rwanda à 4 ans. (Denis ALLARD/Photo Denis Allard pour Libérat)
publié le 7 avril 2024 à 12h50

C’est un moment forcément très «particulier» pour Hervé Berville, le secrétaire d’Etat français chargé de la Mer et de la Biodiversité. Agé de 34 ans, il en avait 4 lorsqu’il a été évacué de son orphelinat rwandais par des soldats français, aux premiers jours du génocide au Rwanda, en avril 1994. Depuis Kigali, où il se trouve en compagnie du ministre des Affaires étrangères pour participer aux commémorations du 30e anniversaire du génocide des Tutsis, qui ont débuté ce dimanche, Hervé Berville a répondu aux questions de Libération.

Qu’est-ce que cela signifie de se retrouver aujourd’hui à Kigali pour vous, citoyen français mais aussi orphelin rescapé de ce génocide ?

C’est évidemment important d’être ici, au Rwanda, dans ce moment de deuil et de recueillement des commémorations, et de représenter la France au côté du ministre des Affaires étrangères. C’est aussi particulier pour moi. Finalement, je réalise que la vie ne tient pas à grand-chose. Au hasard, à la chance. La moitié de ma famille a été exterminée dès le début du génocide, dans les premières semaines après le 7 avril 1994. Paradoxalement, ma «chance