En deux ans et demi, six coups d’Etat ont ébranlé l’Afrique francophone. Le Mali (par deux fois), la Guinée, le Tchad et le Burkina Faso (deux fois également) sont aujourd’hui dirigés par des militaires non élus. Dans le même temps, les manifestations contre la présence française dans la région se sont multipliées. Après neuf ans d’opérations, l’armée française a été poussée à la porte du Mali, et désormais du Burkina Faso. L’Elysée comme le Quai d’Orsay ont toutes les peines du monde à résister à cette puissante vague de rejet, «mal comprise et mal anticipée», explique Yvan Guichaoua, spécialiste du Sahel à la Brussels School of International Studies.
L’année 2020 a marqué un tournant en Afrique de l’Ouest avec le putsch au Mali, premier d’une série régionale. Ces coups d’Etat ont-ils des racines communes ?
Ils sont le produit d’une alchimie complexe entre des rapports de pouvoir au sein des armées, des relations tendues entre les militaires, les sociétés et les élites nationales, et un climat international plus ou moins permissif. Les coups au Mali [en août 2020 puis mai 2021, ndlr] et au Burkina Faso [en janvier puis septembre