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Libération
Témoignage

«Ils nous ont frappés chacun à notre tour, y compris les enfants» : un migrant camerounais raconte son enfer à la frontière tuniso-libyenne

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Méditerranée, mortelle migrationdossier
Un jeune Camerounais témoigne auprès de «Libé» du supplice qui a failli lui coûter la vie, comme 1 200 autres Subsahariens expulsés de cette ville de Tunisie, où est menée une véritable «chasse aux noirs». Déportés près des frontières avec la Libye et l’Algérie, ils sont victimes d’exactions et de meurtres. Une situation dénoncée par les ONG.
Un garde-frontière libyen donne de l’eau à un migrant dans une zone inhabitée, près d’Al-Assah, non loin de la frontière tunisienne, le 16 juillet. (Mahmud Turkia/AFP)
publié le 25 juillet 2023 à 18h50

Yembe (1) a échappé de peu à la mort. Les vidéos qu’il nous a transmises le 18 juillet témoignent de l’enfer que ce Camerounais de 28 ans a enduré pendant plusieurs jours dans le désert, abandonné à son sort près de la frontière libyenne par les forces de sécurité tunisiennes, sans eau et sans nourriture. Des corps inertes, qu’on pourrait confondre avec des cadavres, sont avachis sur le sable, sous une chaleur insupportable frôlant les 50°C. D’autres personnes errent entre des déchets, à la recherche d’un morceau de tapis, d’un sac-poubelle ou d’un simple bout de tissu pour s’abriter du soleil. «Nous sommes près de 800. Des étudiants, des femmes enceintes, des enfants, des gens en règle. Nous avons besoin d’aide, s’il vous plaît, implore Yembe derrière la caméra. Nous ne sommes pas des animaux, nous voulons rentrer chez nous. Nous allons mourir si vous ne faites rien pour nous.»

Sur une autre vidéo, un nourrisson d’à peine quelques heures est enveloppé dans un drap en wax. Sa mère, épuisée, vient d’accoucher seule dans le désert. Un homme montre son pied enroulé dans une attelle couverte de sable. «Les militaires tunisiens l’ont cassé avec des barres de fer et des matraques», explique l’un de ses amis.

«Ils ont déchiré nos passeports»

Lors d’un premier appel téléphonique, le 18 juillet, Y