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Libération
Reportage

«Ils ont roulé sur des corps» : six mois après la tragédie du stade de N’Zérékoré, la Guinée suffoque

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La gestion du drame du 1er décembre 2024, au cours duquel au moins 140 personnes ont trouvé la mort, illustre la brutalité croissante de la junte du général Mamadi Doumbouya.
Le 10 mars, une plainte a été déposée par un collectif d’avocats devant le tribunal de première instance de N’Zérékoré pour meurtre, violences volontaires, trafic d’influence, recel de cadavres. (Social Media Reuters)
publié le 7 mai 2025 à 14h40

«Brrrrr.» Une onomatopée assortie d’un frisson électrisent soudain le corps frêle d’Antoine (1). Le questionner sur l’affluence le soir du 1er décembre 2024 au stade de N’Zérékoré, troisième ville de Guinée, où plus de 140 personnes sont mortes lors de la finale d’un tournoi de football à la gloire de l’homme fort du pays, Mamadi Doumbouya, c‘est voir son regard se nimber d’effroi. «C‘était plein à craquer, avec une majorité d’enfants. Il n’y avait pas assez de place pour tout ce public.» Il est handicapé depuis ce drame, énième épisode d’usage excessif de la force contre la population guinéenne, qui jalonne cette fois la dérive autoritaire de la junte au pouvoir depuis le putsch du 5 septembre 2021.

Au matin de ce dimanche-là, des véhicules surmontés d’amplis annoncent à tue-tête la venue du général Mamadi Doumbouya et du célèbre chanteur et humoriste Grand P dans la «capitale» de la ré