Sur une colline rocailleuse, à peine en retrait du tumulte de la ville, le cimetière de Dasht-e-Barchi surplombe le centre de Kaboul. De loin, les centaines de drapeaux rouge et vert qui flottent au vent lui donnent une étrange impression de vie. Ces drapeaux sont pourtant le «symbole des martyrs», dressés sur les tombes des victimes d’attentats contre la communauté hazara, cette minorité chiite qui représente 9% de la population afghane, en majorité sunnite. L’étendard orne les tombes de Samira Hosseini, 18 ans, Latifa Youceffi, 17 ans et Assadolah, 22 ans. Toutes trois ont été tuées dans l’attentat qui a ciblé une classe préparatoire de médecine le 30 septembre, dans le quartier chiite de Dasht-e-Barchi. Au total, 55 personnes, dont 52 filles, ont perdu la vie lors de l’attaque. Elle n’a jamais été revendiquée, mais porte la marque des carnages de l’Etat islamique au Khorassan – la branche locale de Daech.
Au cimetière, certaines des victimes n’ont pas de drapeau, faute de moyens. C’est le cas de Fatima Mohammadi, 22 ans, tuée dans le même attentat. Au quarantième jour, un moment important des funérailles dans l’islam, son père, Abdul Mohammadi, est venu se recueillir sur sa tombe. Les yeux rougis, il peine à s’exprimer. Il voudrait pourtant que le monde entier sache ce qu’il se passe ici.