Dans le quartier populaire de Bab el-Oued, à Alger, une foule se presse devant le boucher Errahma. Un téléphone sonne. Au bout du fil, la sœur de Lila qui la presse de rentrer à la maison allaiter son bébé de six mois. «Je ne peux pas, je dois acheter des cuisses de poulet», lui répond-elle nerveusement. Dans ce commerce, la jeune femme de 36 ans est persuadée de faire une affaire : le kilo de poulet y est vendu 380 dinars (2,75 euros), contre 480 dinars (3,50 euros) une vingtaine de mètres plus loin.
Avec un budget total de 2 000 dinars (14,50 euros), économisé laborieusement pour le repas du Mawlid, jour de commémoration de la naissance du prophète Mohamed, Lila ne peut pas se permettre d’acheter ailleurs, encore moins de la viande de bœuf, cédée entre 1 800 et 2 200 dinars le kilo (13 à 16 euros), pour accompagner son plat de rechta, plat symbolique de la cuisine algérienne et traditionnellement servi à cette occasion.
Alors que l’Algérie fait face à une flambée des prix des denrées alimentaires et que le taux de chômage atteint plus de 12 % de la population, une économie de quelques dinars n’est pas négligeable. «Tout a augmenté, je ne comprends pas pourquoi. Avec le seul revenu de mon mari de 40 000 dinars (290 euros), difficile de faire face à toutes les dépenses du mois», déplore Lila. Au même mom