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Libération
Crise diplomatique

Influenceur expulsé : l’Algérie rejette les accusations d’«escalade» de la France et dénonce la «désinformation»

Le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué corsé ce samedi 11 janvier, à la suite des déclarations françaises vendredi consécutives au renvoi vers Paris d’un influenceur algérien expulsé.
L'ambassade d'Algérie à Paris, le 23 juillet 2021. (Joel Saget/AFP)
publié le 11 janvier 2025 à 16h13

Un pas de plus dans la crise. L’Algérie a violemment rejeté ce samedi 11 janvier les accusations de la France, après le renvoi vers Paris d’un influenceur algérien expulsé vers son pays depuis l’Hexagone, s’en prenant dans ses propos au gouvernement français. «L’Algérie n’est, d’aucune façon, engagée dans une logique d’escalade, de surenchère ou d’humiliation», a estimé le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué. «L’extrême droite revancharde et haineuse, ainsi que ses hérauts patentés au sein du gouvernement français, mènent actuellement une campagne de désinformation, voire de mystification, contre l’Algérie», a-t-il ajouté.

Historiquement tumultueuses, les relations entre l’Algérie et la France, ancienne puissance coloniale, se sont envenimées ces dernières semaines avec notamment l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à Alger et d’influenceurs algériens en France.

Via son communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères réagissait aux propos de deux ministres français qui avaient dénoncé le renvoi par Alger d’un ressortissant algérien que la France avait expulsé dans son pays.

Vendredi, le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau avait affirmé que «l’Algérie cherche à humilier la France». «En gardant notre sang froid […] on doit désormais évaluer tous les moyens qui sont à notre disposition, vis-à-vis de l’Algérie», a-t-il ajouté.

Son collègue aux Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a renchéri en affirmant que «la France n’aura pas d’autre possibilité que de riposter» si «les Algériens continuent cette posture d’escalade». Parmi «les leviers que nous pourrions activer», figurent «les visas […], l’aide au développement», a-t-il déclaré sur la chaîne LCI, en se disant «stupéfait» que «les autorités algériennes» aient «refusé de reprendre un de leurs ressortissants».

Expulsion «arbitraire et abusive»

«Doualemn», un influenceur de 59 ans, avait été interpellé à Montpellier, dans le sud de la France, après une vidéo litigieuse sur TikToK et mis dans un avion jeudi après-midi pour l’Algérie d’où il a été renvoyé en France le soir même, l’Algérie l’ayant «interdit de territoire», selon le ministère de l’Intérieur.

L’expulsion de «Doualemn» est «arbitraire et abusive», a estimé ce samedi le ministère algérien des Affaires étrangères. L’institution affirme que cet homme vit en France depuis 36 ans, possède une carte de séjour depuis 15 ans, est père de deux enfants nés de son mariage avec une Française et a un emploi stable depuis 15 ans.

Le ministère algérien précise que face aux «dépassements» et aux «violations des droits acquis» par ce ressortissant sur le territoire français, «la décision algérienne dans cette affaire est animée par le souci de lui permettre de répondre aux accusations qui sont portées contre lui, de faire valoir ses droits et de se défendre dans le cadre d’un processus judiciaire juste et équitable sur le territoire français».