A Thiaroye-sur-Mer, en périphérie est de Dakar, le son des râteaux et des balais n’est jamais très lointain. Mais celui des motopompes qui ont aspiré et évacué l’eau durant soixante-douze heures s’est presque tu. Restent leurs larges tuyaux de plastique bleu qui se faufilent entre les ruelles, les croisements boueux, ou longent des mares résiduelles sur le bitume. Des passants y cheminent en file indienne. Près d’un étal de légumes accolé à une maison, des baluchons de vêtements moisis, un matelas, des sacs de détritus, de gravats et de ferraille. «L’eau est entrée ici vendredi 15 août et est restée trois jours. On l’évacuait avec des seaux mais ça revenait. On a dû jeter aussi une table et la télévision», narre une jeune fille en se voilant hâtivement dans la pénombre de l’entrée. Sur le mur, la trace de l’humidité grimpe à 60 cm du sol.
«Chaque année, chaque année c’est comme ça !» rouspète une femme, sac de raphia sur la tête, à l’entrée de sa concession barricadée de bric et de broc. Près du cimetière, complètement englouti durant le week-end, Mohamed Cellou Diallo, mine déconfite, lave des tongs, assis sur un bidon. C’est tout ce qu’il a pu sauver, avec des packs d’eau minérale et des chips, de son dépôt de marchandises d’environ 20 m2. Plus loin, une maison où stagne encore l’eau a été abandonnée. «Certains habitants ont préféré partir pour leur sécurité», commente Mamadou Fall, membre de la cellule communale de gestion des risques et catastrophes c