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Chroniques du Sahel

«Je t’aide, moi non plus» : les souverainistes du Sahel ou le dilemme des subventions étrangères

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Les coupes budgétaires annoncées par l’administration Trump vont avoir un fort impact humanitaire au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Mais leurs dirigeants, qui nourrissent une méfiance de longue date à l’égard des aides extérieures, n’osent pas s’en plaindre, explique le chercheur Bokar Sangaré.
Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali, lors d'une table ronde au Forum de Doha, au Qatar, le 7 décembre 2024 (Noushad Thekkayil/NurPhoto. AFP)
publié le 19 mars 2025 à 17h16
(mis à jour le 19 mars 2025 à 17h56)

Chaque mois, des chercheur·ses spécialistes du Sahel livrent leurs réflexions, leurs éclairages, leurs amusements, leurs colères ou leurs opinions sur la région. Aujourd’hui, le point de vue de Bokar Sangaré, doctorant en sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles.

Le couperet est tombé. Dès le premier jour de son investiture, le 20 janvier 2025, Donald Trump avait annoncé un gel de l’aide étrangère américaine. Après six semaines de «réévaluation», lundi 10 mars, la Maison Blanche a décidé de supprimer 83 % des programmes jusque-là financés par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USaid). L’Afrique est le continent le plus touché.

L’onde de choc a évidemment des répercussions jusqu’au Sahel. «Lorsque l’administration américaine éternue, le monde entier tousse» – il y a plus de vingt ans, l’ancienne ministre malienne Aminata Dramane Traoré reprenait déjà à son compte la célèbre formule dans le Viol de l’imaginaire (1) pour dénoncer l’«américanisation du monde» après le 11 Septembre, l’«aplaventrisme» des puissances européennes. Elle appelait les pays africains «habituellement soumis» à rejeter le discours dominant qui dépeint le continent sous le seul prisme de la pauvreté,