Menu
Libération
Reportage

Jihadisme : dans l’est du Burkina Faso, «le Jnim est chez lui»

Réservé aux abonnés

Zones rurales, périphéries urbaines et axes routiers sont aux mains des insurgés jihadistes dans la région, alors que le régime d’Ibrahim Traoré affirme contrôler désormais 71% du territoire.

Des habitants déplacés à cause des exactions des jihadistes ont trouvé refuge dans le camp de Torodori dans le nord du Burkina Faso, ici le 30 mai. (Fanny Noaro-Kabre /AFP)
Publié le 21/02/2025 à 18h03

Elles sont des dizaines, peut-être quelques centaines, à faire masse. Des femmes de tout âge, un bras enlaçant parfois une sœur ou une fillette, l’autre maintenant sur la tête des effets personnels empaquetés à la hâte dans un sac, une natte, un seau ou un tissu noué. Les vidéos postées sur les réseaux sociaux capturent des mines abattues, des regards résignés, et cette éruption de colère : «On tue nos enfants, on tue nos maris, on nous oblige à rester chez nous pour que les terroristes viennent nous tuer comme des animaux. On est fatigués d’attendre de l’aide, on veut rejoindre Fada [Fada N’Gourma, capitale de la région de l’est du Burkina Faso, ndlr] pour vivre.»

La scène remonte au 14 février et a lieu à Tanwalbougou, 50 km à l’est de Fada N’Gourma. La commune vient de subir sa deuxième attaque en deux jours. Une salve de trop, qui a précipité la fuite de nombreuses familles. Les combattants jihadistes affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, selon son acronyme en arabe) ont pris d’assaut la gendarmerie le 12 février, tuant au moins quatre gendarmes, et ciblé à deux reprises les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ces civils, armés par le régime