Le grand Issa Koné se tient droit dans la file d’attente, malgré ses 75 ans. Délicatement parfumé, vêtu d’une djellaba claire et d’un bonnet blanc. Hors de question de passer devant les autres, comme son âge vénérable le lui permettrait. Avant l’indépendance, il fut élève dans cette école du quartier Biscuiterie, à Dakar, aujourd’hui transformée en bureau de vote. «Le caïlcédrat était déjà là dans la cour», dit-il en désignant l’arbre géant qui offre son ombre aux électeurs silencieux. Issa Koné vote ici depuis 1968. «Il y avait un seul candidat à l’époque [Léopold Sédar Senghor, ndlr], aujourd’hui il y en a 19, commente le menuisier retraité. C’est mieux.»
Ce dimanche 24 mars, 7 millions de Sénégalais sont appelés aux urnes pour choisir leur cinquième président. Pour la première fois de l’histoire du pays, le nom du chef de l’Etat sortant ne figure sur aucun bulletin. Macky Sall, qui a atteint la limite des deux mandats prévue par la Constitution depuis 2016, ne se représente pas. Pour la première fois également, un candidat – le favori de l’opposition, Bassirou Diomaye Faye – est sorti de prison dix jours avant la date du premier tour pour mener une campagne éclair à travers le pays,