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Féminicide

Kenya : la marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei, brûlée «à plus de 80 %» par son compagnon, est morte

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Le compagnon kényan de l’athlète âgée de 33 ans l’a immolée par le feu dimanche. Ce jeudi 5 septembre, Rebecca Cheptegei est morte des suites de ses brûlures.
La marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei (au centre) aux championnats du monde d'athlétisme, le 26 août 2023 à Budapest. (Ferenc Isza/AFP)
publié le 4 septembre 2024 à 12h06
(mis à jour le 5 septembre 2024 à 8h36)

Elle avait terminé 44e au marathon des Jeux olympiques de Paris en 2 h 32 min et 14 secondes. La marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei est morte ce jeudi 5 septembre des suites de ses brûlures, après que son compagnon l’a immolée par le feu dans l’ouest du Kenya dimanche. «Nous avons appris le triste décès de notre athlète olympique Rebecca Cheptegei à la suite d’une violente agression de son petit ami. Que son âme repose en paix et nous condamnons fermement la violence contre les femmes», a annoncé le président du Comité olympique ougandais, Donald Rukare, dans un message sur X, déplorant «un acte lâche et insensé qui a conduit à la perte d’une grande athlète».

Selon un rapport de police, Dickson Ndiema Marangach, le compagnon kényan de l’athlète âgée de 33 ans, s’était introduit dans sa maison à Endebess (comté de Trans-Nzoia, Ouest), alors qu’elle se trouvait à l’église avec ses enfants. A leur retour, il avait «déversé de l’essence sur Rebecca avant de mettre le feu», détaille le document, ajoutant que l’homme avait également été brûlé par les flammes. Le motif de l’attaque n’est pas connu, tout comme l’état de santé des enfants.

«Cheptegei est en soins intensifs dans un état critique après avoir été brûlée à plus de 80 %», avait déclaré mardi 3 septembre Owen Menach, le directeur par intérim du Moi Teaching and Referral Hospital (MTRH) d’Eldoret, grande ville de la vallée du Rift, où était soignée la sportive. Et d’ajouter : «Les brûlures étaient vraiment très graves, certaines d’entre elles sont très profondes, en particulier au niveau des muscles du dos. […] Nous faisons tout ce que nous pouvons pour lui sauver la vie.» Dickson Ndiema Marangach, hospitalisé dans le même établissement, est de son côté brûlé à 30 %.

Rebecca Cheptegei s’était installée à Endebess, localité à 25 kilomètres de la frontière ougandaise où elle s’entraînait, après y avoir acheté un terrain et fait construire une maison, selon des médias kényans. Avec son compagnon, ils formaient «un couple qui avait constamment des disputes familiales», indique le rapport de police. D’après les forces de l’ordre, «un jerrican de 5 litres, un sac et un bonnet noir qui appartiendraient à Dickson et un téléphone portable brûlé qui appartiendrait à Rebecca ont été retrouvés» sur les lieux du drame.

Plusieurs drames similaires au Kenya

Ces dernières années, plusieurs drames ont endeuillé le monde de l’athlétisme au Kenya. En avril 2022, le corps de Damaris Mutua, une athlète bahreïnie d’origine kényane, a été retrouvé à Iten – célèbre lieu d’entraînement pour la course de fond sur les plateaux de la vallée du Rift. Son compagnon est soupçonné de l’avoir tuée. Six mois plus tôt, la prometteuse athlète de 25 ans Agnes Tirop – double médaillée de bronze mondiale du 10 000 m (2017, 2019) et 4e des JO de Tokyo sur 5 000 m – a été retrouvée poignardée à mort à son domicile d’Iten. Son mari, Emmanuel Ibrahim Rotich, qui nie les accusations, est actuellement poursuivi pour meurtre.

Selon une étude de l’agence kényane de la statistique (KNBS) publiée en janvier 2023, 34 % des femmes vivant au Kenya ont subi des violences physiques depuis leurs 15 ans. Les femmes mariées «sont beaucoup plus susceptibles d’avoir subi des violences», estimait cette étude, soulignant que 41 % des femmes mariées ont signalé de tels faits contre 20 % des femmes célibataires.

Mis à jour ce jeudi 5 septembre à 8 h 35 avec la mort de Rebecca Cheptegei.