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Libération
Chroniques du Sahel

La presse sahélienne, dernière barricade contre le bon plaisir des putschistes

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S’il est un domaine où les dictateurs du Sahel coopèrent à merveille, c’est dans la mise au pas des médias, qui furent les pionniers de l’aventure démocratique des années 90, constate le chercheur nigérien en sciences politiques Rahmane Idrissa.
Le capitaine Ibrahim Traoré, président putschiste du Burkina Faso, le 15 décembre 2022 lors d'une commémoration de l'assassinat de Thomas Sankara. (Olympia de Maismont/AFP)
par Rahmane Idrissa
publié le 18 décembre 2024 à 11h43

Chaque mois, des chercheur·ses spécialistes du Sahel livrent leurs réflexions, leurs éclairages, leurs amusements, leurs colères ou leurs opinions sur la région. Aujourd’hui, le point de vue de Rahmane Idrissa, politologue à l’African Studies Centre Leiden (Pays-Bas) et l’Africa Institute de Charjah (Emirats arabes unis).

A Ouagadougou, il y a un mois environ, un individu dont le nom n’a pas été divulgué a rempli huit valises aux tendres couleurs pastel et gris-bleu d’une somme de 5 milliards de francs CFA en grosses coupures et a approché des soldats en la leur offrant en échange du renversement du capitaine Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso. Ces derniers, vertueux patriotes, alertèrent aussitôt leurs supérieurs, lesquels leur dirent de jouer le jeu. L’individu, ayant obtenu l’accord des soldats, s’empressa de leur remettre ses milliards et «se retrouva dans la nasse» – dixit la voix off du journaliste (?) de la RTB, radio-télévision d’Etat burkinabè, qui commente ainsi des images où l’on voit les valises du crime surveillées par deux militaires portant des masques à tête de mort (c’est une mode).

Au Mali voisin, Issa Kaou N’Djim, leader d’opinion jadis proche des putschistes mais déçu par leur refus de s’engager dans une transition démocratique dans les règles,