Menu
Libération
Contretemps

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, n’ira pas en Algérie à cause du Covid-19

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, fils de juifs nés en Algérie, testé positif au Covid-19, doit renoncer à la dernière minute à accompagner Emmanuel Macron lors de sa visite en Algérie.
Haim Korsia le 17 juillet dernier lors de la commémoration du 80e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
publié le 25 août 2022 à 11h27

Cela devait être un moment fort de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie, mais il n’aura pas lieu. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, doit renoncer à accompagner le président de la République en raison d’un test positif au Covid-19. «Je suis asymptomatique. Il fallait faire un test PCR pour prendre l’avion mais pour moi, il n’y avait pas d’enjeux. Quand j’ai eu le résultat, j’étais stupéfait», explique le grand rabbin de France depuis 2014. C’était la première fois qu’un grand rabbin devait se rendre en Algérie. Un voyage qui revêt pour lui une importance particulière et qu’il abordait dans un esprit de «réconciliation», confiait-il à Libération avant d’avoir le résultat de son test.

«C’est mon premier voyage en Algérie, l’occasion ne s’était jamais présentée avant. Mon père était d’Oran et ma mère de Tlemcen, moi je suis né en métropole. Mes grands-parents m’ont beaucoup parlé de l’Algérie quand j’étais petit. Ce voyage est un véritable retour à mes racines. J’ai l’impression, entre les livres et les témoignages de ma famille, de connaître déjà la lumière, les odeurs, les couleurs de l’Algérie», nous disait-il alors.

Une présence critiquée

La présence d’Haïm Korsia au sein de la délégation française avait déclenché son flot de critiques. Le quotidien algérien arabophone El Khabar s’interroge sur «la présence du grand rabbin de France dans la délégation du président français. Que fait Haïm Korsia auprès du président d’un pays qui a fait de la laïcité sa valeur première ? Auprès de quelle communauté, à qui s’adressera le grand rabbin dans un pays où tout ce qui peut symboliser Israël est rejeté, condamné ?» Pour le Soir d’Algérie, «la présence du grand rabbin de France sonne comme un élément étranger, totalement intrus dans une délégation où chacun des noms choisis représente un aspect des dossiers sur lesquels doivent avancer les deux pays».

Sur les réseaux sociaux, Haïm Korsia a même été la cible d’insultes en raison de son voyage programmé dans un pays qui soutient fortement la cause palestinienne. Mais il a démenti avoir fait l’objet de pressions pour ne pas se rendre en Algérie. «Non seulement il n’y a pas eu de pression, mais le président m’a invité, il a maintenu l’invitation. L’Algérie a donné mon visa, l’Algérie voulait que je sois là, donc il n’y a aucun problème», a-t-il déclaré sur Radio J.

Mémoire des morts

Son objectif, durant cette visite, était de prendre la parole dans le cimetière Saint-Eugène à Alger où reposent nombre de Français nés en Algérie. «Au Consistoire, nous avons une mission qui consiste à pérenniser et entretenir les cimetières dans le respect des règles religieuses. Son responsable connaît très bien l’Algérie, il s’y est rendu pour faire un relevé de toutes les tombes. Le gouvernement français nous aidera d’autant plus dans cette tâche que les autorités algériennes y seront ouvertes. La mémoire des morts, on la partage tous. Nous allons d’ailleurs, lors de ce voyage, nous rendre au cimetière Saint-Eugène, sur les hauteurs d’Alger. J’insiste, nous sommes dans le temps de la mémoire, des souvenirs, de l’apaisement. Au Maroc et en Tunisie c’est possible, il n’y a pas de raison que cela ne le soit pas en Algérie», expliquait-il à Libération quand il pensait encore pouvoir partir.

C’est la deuxième fois qu’Emmanuel Macron se rend en Algérie en tant que président, après une première visite en décembre 2017, au tout début de son premier quinquennat. La relation entre la France et l’Algérie, encore très marquée par 132 ans de colonisation française, s’annonçait sous les meilleurs auspices avec l’élection du premier résident de la Ve République né après 1962. Mais elle a vite trébuché sur une série de malentendus autour de cette histoire commune douloureuse. S’il a multiplié les gestes mémoriels sans précédent, Emmanuel Macron n’a pas présenté les excuses attendues par Alger.