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Libération
Sahel

Le Mali sous le feu de sept attaques jihadistes simultanées

L’offensive multiple menée ce mardi 1er juillet a notamment touché des villes de l’ouest du pays, jusque-là relativement épargnées.
Un soldat malien à Bamako le 15 février 2025. (Gousno/AFP)
publié le 1er juillet 2025 à 14h15
(mis à jour le 1er juillet 2025 à 17h20)

Une nouvelle salve d’assauts des jihadistes maliens. Ce mardi 1er juillet, à l’aube, sept attaques ont été menées simultanément dans l’ouest et le centre du pays. L’armée a fait état «d’attaques coordonnées perpétrées très tôt ce matin contre [s] es positions» dans les villes de Kayes, Niono, Molodo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli et Gogui.

A la mi-journée, l’offensive a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, selon son acronyme en arabe). Cette organisation, qui a prêté allégeance à Al-Qaeda, contrôle déjà une grande partie des zones rurales du territoire malien. Dans un communiqué, elle prétend s’être brièvement emparée de plusieurs casernes.

A 14 heures, une source militaire malienne indiquait néanmoins que «le calme est revenu» et que la situation était «sous contrôle». Au journal télévisé, un flash spécial a été consacré à cette attaque des «forces du mal» : «L’ennemi a subi d’importantes pertes, a affirmé le porte-parole de l’armée. Plus de 80 terroristes ont été neutralisés […] et un véritable arsenal de guerre récupéré.» Sur une vidéo tournée à Nioro, près de la frontière mauritanienne, les soldats ont exposé les véhicules (pick-up et motos) et les armes des jihadistes défaits. Devant, une vingtaine de corps sans vie ont été alignés.

Kayes, la grande ville de l’Ouest, d’où sont originaires beaucoup de Maliens de la diaspora, a été frappée directement pour la première fois. Le camp militaire, et deux commissariats ont été visés. Sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, des flammes et une épaisse fumée noire s’élèvent des bâtiments attaqués. La résidence du gouverneur a également été prise pour cible. Selon la société d’analyse sécuritaire Aldebaran Threat Consulting, spécialiste du Sahel, «48 terroristes» auraient été tués à Kayes au cours de la riposte de l’armée malienne. Le poste de douane de Gogui, à la frontière du Sénégal, 90 kilomètres plus à l’ouest, aurait également essuyé des tirs.

«Le Jnim a considérablement intensifié ses activités dans la région de Kayes au cours des trois dernières années. En 2024, ses actions violentes ont plus que septuplé par rapport à 2021, relève un rapport du Timbuktu Institute publié le mois dernier. Le groupe cherche à reproduire la stratégie qu’il a adoptée dans tout le Sahel : intensifier ses attaques contre les acteurs gouvernementaux et établir des relations de complicité au sein des communautés, en recourant si nécessaire à la coercition, pour délégitimer l’Etat et, à terme, le remplacer.» L’institut de recherche voit dans l’extension de la zone d’activité du Jnim «une stratégie d’encerclement de la capitale par un territoire favorable au Jnim», qui a pour objectif «d’influencer suffisamment de populations locales autour de Bamako et dans tout le Mali pour pousser l’Etat à la désintégration».

Ces dernières semaines, les insurgés islamistes -appartenant au Jnim ou à l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS)- ont multiplié les assauts meurtriers contre des positions militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Plusieurs centaines de soldats ont été tués dans ces trois pays du Sahel dirigés par des juntes qui avaient promis, lors de leur prise de pouvoir, de faire du retour de la sécurité une priorité. En vain jusqu’à présent.

Article actualisé à 17:20 avec le bilan communiqué par l’armée malienne.