ll s’est fait connaître pour son activisme contre le néocolonialisme, ses prises de position anti-occidentales violentes et ses prises de paroles radicales sur la France. Le militant panafricaniste béninois Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, «est déclaré avoir perdu la nationalité française», indique un décret lapidaire du lundi 8 juillet, publié le 9 au Journal officiel.
Provocateur, proche de Dieudonné, Kemi Seba est habitué des sorties médiatiques sulfureuses et condamnées. Tout naturellement, il n’a pas tardé à faire part de sa réaction sur son compte X (ex-Twitter) : «Plus de nationalité française ? Gloire à Dieu. Libéré je suis de ce fardeau», se réjouit-il avant de rappeler qu’il avait brûlé son passeport en mars lorsque la préfecture de l’Essonne avait tenté d’interdire une de ses conférences à Fleury-Mérogis en raison de «risque de troubles à l’ordre public». Il était alors déjà visé par une procédure de déchéance de nationalité.
«Mon client est très heureux, a réagi auprès de l’AFP l’avocat de Kemi Seba, Juan Branco. Il m’avait confié une lettre de renonciation [à la nationalité française, ndlr] avant même que la procédure ne soit entamée, et prend acte» de celle-ci. L’avocat a également estimé que la décision avait été prise par le gouvernement «du fait (des) origines» de Kemi Seba.
«Relais de la propagande russe»
En France, Kemi Seba a été accusé l’an dernier par le député Renaissance Thomas Gassilloud, alors président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, d’être un «relais de la propagande russe» et de servir «une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais» en Afrique subsaharienne. Une enquête conjointe du quotidien allemand Die Welt, du magazine Sources d’Arte et Capa et de l’hebdomadaire Jeune Afrique accusait en effet l’activiste d’avoir été financé pendant plus d’un an (entre mai 2018 et juillet 2019) par différentes sociétés de Evgueni Prigojine, le défunt fondateur de la milice russe Wagner. Durant cette période, le militant avait reçu près de 440 000 euros de Wagner qui projetait également de lui financer un parti politique.
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Aujourd’hui à la tête du groupe Urgences panafricanistes et disposant d’un large public sur ses réseaux sociaux, Kemi Seba a été condamné plusieurs fois en France pour incitation à la haine raciale. Il a notamment été l’ancien leader de la Tribu Ka, groupuscule qui revendiquait son antisémitisme et prônait la séparation entre Noirs et Blancs avant d’être dissous en 2006 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur.
«Ayant quitté la France depuis 14 ans» selon ses dires, Kemi Seba a organisé ou participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique ces dernières années, où il a été régulièrement interpellé, expulsé ou refoulé, notamment en Côte-d’Ivoire, au Sénégal et en Guinée.