Le pétrole nigérien est-il «maudit» ? Ainsi le veut la théorie du «mal hollandais», forgée dans les années 70 pour expliquer le paradoxe des effets économiques délétères de l’exploitation intensive des ressources naturelles. Le Niger est un jeune Etat pétrolier. Ses premiers litres d’hydrocarbures ont été pompés en 2011. Une ressource providentielle pour ce pays du Sahel comptant parmi les plus pauvres du monde. Et une manne naturellement convoitée par les élites politiques et économiques. Le pétrole promet de faire bondir le PIB du Niger, ses recettes fiscales, ses exportations. Il est devenu un enjeu central de pouvoir, comme l’illustre le bras de fer actuel entre les autorités nigériennes et béninoises autour de l’oléoduc géant qui traverse les deux pays, inauguré il y a seulement quelques mois. Dernier soubresaut, spectaculaire, d’une bataille souterraine autour de l’or noir qui dure depuis quinze ans.
L’ère pétrolière du Niger commence au crépuscule de la présidence de Mamadou Tandja, renversé par un coup d’Etat en 2010. Mais son exploitation proprement dite débute sous son successeur, le président Mahamadou Issoufou. Le pétrole jaillit du gisement d’Agadem, dans l’est désertique du pays. C’est une société publique chinoise, la China National Petroleum Corporation (CNPC), qui en a la charge. Elle a signé en