Après des semaines de manifestations de jeunes qui réclamaient sa démission et le ralliement des militaires aux manifestants, le président malgache a pris la parole lundi 13 octobre au soir, non pas à la télévision publique mais dans une vidéo de 26 minutes et diffusée sur les réseaux sociaux.
«Il n’y a qu’une seule issue pour résoudre ces problèmes, c’est de respecter la Constitution en vigueur dans le pays», a-t-il affirmé, rejetant de fait les appels à la démission du mouvement de contestation né le 25 septembre dans cette île particulièrement pauvre de l’océan Indien.
Dans ce discours à la nation, Andry Rajoelina s’est dit dans un «lieu sûr» après une «tentative de meurtre», sans plus de précisions sur sa localisation mais une source militaire et d’autres responsables ont déclaré à Reuters qu’il avait fui le pays à bord d’un avion de l’armée française, dimanche, après que les troupes malgaches ont annoncé leur soutien aux manifestants.
Analyse
Emmanuel Macron avait fait part lundi soir de sa «grande préoccupation» sur la situation à Madagascar, sans confirmer une information de presse selon laquelle le président Andry Rajoelina, qui demeure invisible après la mutinerie d’une partie de l’armée, avait embarqué à bord d’un avion militaire français.
D’après la radio française RFI, Andry Rajoelina a embarqué dimanche «à bord d’un avion militaire français pour La Réunion, avant de partir vers une autre destination avec sa famille». «Je ne confirme rien aujourd’hui», a déclaré Emmanuel Macron interrogé par la presse depuis Charm el-Cheikh en Egypte, en marge d’un sommet sur l’accord de paix à Gaza.
«Des pilleurs et des casseurs»
Une prise de parole du président malgache, très attendue après le ralliement de militaires aux manifestants contestant le pouvoir, avait été reportée plusieurs fois lundi. L’allocution d’Andry Rajoelina, qui a dénoncé ce week-end «une tentative de prise du pouvoir illégale» dans cette île particulièrement pauvre de l’océan Indien, avait déjà été reportée une première fois en raison de l’arrivée d’un «groupe de soldats armés» au siège de la télévision publique, selon la présidence.
Le mouvement de contestation, qui dénonçait au départ les coupures incessantes d’eau et d’électricité, s’est mué depuis en une contestation plus large du président Rajoelina, 51 ans, et de son clan. Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations et plus d’une centaine blessées, d’après un bilan des Nations unies, démenti par le chef de l’État malgache, évoquant 12 morts, tous «des pilleurs, des casseurs», selon lui.