Une trentaine d’hommes se serrent sur un muret. Chacun exhibe un outil : pelle, maillet, truelle, niveau à bulle. Pape, lui, maintient une haute cisaille pour fer à béton. «Ça permet aux patrons qui passent en voiture de détecter ton métier, dit ce trentenaire vêtu de noir, qui se poste chaque jour à 7 heures au rond-point de Keur Massar, en périphérie de Dakar. Ici, c’est le coin des carreleurs, des ferrailleurs, des plombiers et des maçons. En face, il y a encore des maçons et, plus loin, les briqueteurs.»
Ces manœuvres sont embarqués sur tout type de chantiers : ponts, immeubles, bâtiments publics. Parfois, pour un seul jour. «Au maximum, quatorze jours par mois», déplore Pape. «Le travail, c’est le vrai problème. La santé, on n’en parle même pas. Chaque jour on stresse, on ne sait pas si on va gagner quelque chose. Mon petit frère qui est là veut partir en migration, dit Keremoko Traoré, 52 ans, en posant la main sur le genou de son voisin. Est-ce que Pastef [le parti au pouvoir, ndlr] ne nous a pas oubliés ?»
Reportage
Intérimaires, précaires, issus de diverses régions du Sénégal, ces ouvriers ont échoué à Keur Massar. Une immense périphérie devenue le cinquième département de la région de Dakar en 2021. Avec près de 800 000 habitants recensés en 2023, son électorat est convoité en vue des législatives anticipées de dimanche 17 novembre. Elu dès le premier tour de la présidentielle du 24 mars, mais privé de majorité parlementaire pour dérou