Une bicyclette noire dévale la pente à toute blinde, rejoint le camion au creux de la route, juste à temps pour que le cycliste attrape d’une main la remorque pour se faire tracter dans la montée. Il se retourne vers ses camarades qui n’ont pas été aussi rapides, brandit un poing triomphant. Bordée d’injures en réponse. Les autres grimperont à la dure la longue côte hérissée d’eucalyptus. Pas de poids lourd pour les tirer, même pas de vitesse à changer – leurs vélos n’en ont qu’une. Surnommés «pneus-ballons», ces robustes modèles de deux-roues, parfois peints ou décorés, sont omniprésents au Rwanda, avant tout comme outils de travail et comme moyens de transport.
Le pays de la région des Grands Lacs accueille depuis le 21 septembre les championnats mondiaux de cyclisme sur route. Une première pour le continent, et un incontestable motif de fierté pour le peuple rwandais. L’événement ne tombe pas du ciel : ici, le vélo est une pratique ancienne et populaire. «Quand j’étais enfant, il y avait des vélos, mais pas autant qu’aujourd’hui, tout simplement parce qu’il n’y avait pas