Chaque matin, Dhouha Mechergui attend 8 heures avec impatience pour plonger ses mains dans la pâte onctueuse, épaisse et parfumée. A quoi pense la jeune femme de 29 ans dans le confort du laboratoire AromaLab, vêtue d’une blouse et d’une charlotte réglementaires ? A ses années à trimer dans les champs pour un salaire de misère ? Ou à ses enfants partis à l’école avec des fournitures neuves grâce au savon qu’elle est en train de préparer ? «Les deux, répond l’employée du projet Green School de l’association Wallah We Can. Maintenant, nous avons un avenir. Mes trois enfants continueront l’école, et moi, peut-être qu’un jour j’ouvrirai mon affaire.» Un discours que la Tunisienne de Sidi Mechreg, dans le gouvernorat de Bizerte, dans le nord du pays, n’aurait jamais pensé tenir. Autour d’elle, une dizaine de collègues femmes s’affairent à surveiller un alambic, à veiller sur l’état de dessèchement de feuilles d’eucalyptus ou encore à verser de l’eau froide dans le circuit à condensation de deux cuves en inox.
Depuis mai, Green School a formé 60 parents d’élèves en distillation d’huiles essentielles, saponification, poterie et apiculture sur son site de formation et de production divisé en trois laboratoires – AromaLab, PotLab et ApiLab – installés dans la zone enclavée, entre mer et forêt, de Sidi Mechreg. Le fruit de leur travail est revendu sur la plateforme de Wallah We Can sous forme de coffrets cadeaux. L’argent récolté sert à améliorer la salubrité des é