Elles ont osé. Les juntes au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont annoncé ce dimanche 28 janvier leur «retrait sans délai» de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le communiqué conjoint a été lu simultanément, à la mi-journée, sur les plateaux de télévision des trois pays. Au sein du continent africain, la Cédéao est pourtant l’un des blocs régionaux (15 pays en font partie) où l’intégration était considérée comme la plus poussée. La rupture avec l’organisation est un geste de défi sans précédent de la part des putschistes sahéliens.
Après leurs coups d’Etat respectifs, la Cédéao avait imposé des sanctions économiques, plus ou moins sévères, à l’endroit des régimes de Bamako, Ouagadougou et Niamey, automatiquement suspendus de ses instances. Or, ces mesures de rétorsion, quelles qu’elles soient, n’ont jamais fait plier les militaires au pouvoir. En dégradant parfois les conditions de vie de la population, elles ont au contraire abîmé l’image de l’organisation et galvanisé les putschistes, qui ont joué de la rhétorique de la nation attaquée pour mobiliser leurs partisans. Excédée par la vague de coups d’Etat qui a balayé la région, la Cédéao avait même menacé le Niger d’une intervention armée cet été, après