L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué dans un communiqué l’attentat à la bombe de mercredi qui a fait 84 morts à Kerman, alors que l’Iran observe ce jeudi 4 janvier une journée de deuil national. La double explosion avait fauché une foule de pèlerins près de la tombe du général Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, dont le pays commémorait le quatrième anniversaire de la mort. Elle s’est produite dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit en octobre entre Israël et le Hamas, et au lendemain de l’élimination d’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe près de Beyrouth, attribuée à Israël.
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Avant la revendication de l’EI, l’agence officielle iranienne Irna, citant «une source informée», avait indiqué que la première déflagration avait été provoquée par un kamikaze dont le corps avait été déchiqueté par l’explosion. L’enquête pointait également vers l’action d’un second assaillant, lui aussi engagé dans une opération suicide. Jeudi, l’Etat islamique a annoncé que deux kamikazes de l’organisation, «Omar al-Mouwahid et Seif Allah al-Moujahid», sont les auteurs de l’attentat : ils auraient «activé leur ceinture explosive» au milieu «d’un grand rassemblement d’apostats, près de la tombe de leur leader Qassem Soleimani», affirme le communiqué de l’EI diffusé via ses chaînes Telegram.
En Iran, des responsables avaient aussitôt pointé du doigt Israël et les Etats-Unis. Un conseiller politique du président iranien, Mohammad Jamshidi, a accusé les «régimes américain et sioniste» d’être derrière l’attentat. A Washington, le département d’Etat a jugé «absurde» toute suggestion d’une implication des Etats-Unis ou d’Israël dans ce qui «ressemble à une attaque terroriste, le genre de chose que l’Etat islamique a fait par le passé», selon un haut responsable américain s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Ennemi juré de l’Iran, Israël n’a pas commenté l’attentat. «Nous sommes concentrés sur les combats avec le Hamas» dans le territoire palestinien de la bande de Gaza, a indiqué le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait promis, avant la revendication de l’EI, une «réponse sévère» au carnage de Kerman. Le Hamas, soutenu par Téhéran, a lui fustigé un «acte terroriste […] qui cherche à déstabiliser la sécurité de la République islamique au service de l’agenda de l’entité sioniste [Israël]».
Ce jeudi, un chef d’une milice pro-iranienne active en Irak, le Hachd al-Chaabi, a par ailleurs été tué à Bagdad dans une «frappe de drone» attribuée à Washington par ce groupe armé. Le gouvernement irakien a évoqué une «agression» perpétrée par la coalition internationale antijihadiste, sans toutefois pointer du doigt les Etats-Unis nommément. «Le commandant adjoint des opérations pour Bagdad, Mushtaq Talib al-Saïdi» est «tombé en martyr dans une frappe américaine», a précisé le mouvement al-Nujaba, l’une de ces factions pro-iraniennes et farouchement anti-américaine, dans un communiqué. Interrogé par l’Agence France Presse, un responsable militaire américain n’a ni confirmé ni infirmé que Washington était à l’origine de la frappe, assurant que les Etats-Unis continueraient «à agir pour protéger (leurs) troupes en Irak et en Syrie, en répondant aux menaces qui pèsent sur elles».
Article mis à jour à 19h30 avec les réactions internationales à l’attentat de Kerman et la frappe de drone survenue à Bagdad.