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Crise

Libye : 55 morts et plus d’une centaine de blessés dans des affrontements entre deux groupes armés

Des affrontements entre deux groupes armés près de la capitale libyenne ont fait 55 morts 146 blessées dans la nuit de lundi à mardi. L’unique aéroport civil de la ville a suspendu ses vols.
Des fumées s'échappent des affrontements entre des groupes armés affiliés au gouvernement d'unité nationale (GUN) de la Libye, basé à Tripoli, le 15 août 2023. (Mahmud Turkia/AFP)
publié le 15 août 2023 à 15h21
(mis à jour le 16 août 2023 à 8h37)

Le bilan s’alourdit. 55 personnes ont été tuées et 146 blessées lors d’affrontements violents qui ont opposé de lundi à mardi deux influents groupes armés dans la banlieue sud-est de Tripoli, a indiqué mercredi le Centre de Médecine d’urgence (CMU). Dans un «bilan provisoire» publié dans la nuit de mardi à mercredi sur Facebook, cette agence qui gère les secours dans l’ouest de la Libye, avait, premièrement fait état de 27 morts et 106 blessés dans ces affrontements à l’arme lourde entre deux influents groupes armés dans la capitale libyenne.

Selon la même source, 234 familles ont pu être secourues et extraites, ainsi que plusieurs dizaines de médecins ou infirmiers étrangers, bloqués depuis la nuit de lundi dans des zones de combats au sud de la capitale. Trois hôpitaux de campagne et une soixantaine d’ambulances ont été mobilisés pour secourir les blessés et évacuer les civils vers des zones plus sûres.

Interpellation du chef de la Brigade 444

Ces deux groupes sont parmi les plus influents à Tripoli, où siège l’un des deux gouvernements qui se disputent le pouvoir dans un pays miné, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, par des divisions alimentées par la prolifération de groupes armés aux allégeances mouvantes. «Les tensions ont commencé» à l’annonce de «l’interpellation par al-Radaa du chef de la Brigade 444», a expliqué un officier, précisant que «les forces étaient toujours mobilisées et les accès à l’aéroport de Mitiga fermés» ce mardi.

La Manul, la mission de l’ONU en Libye, déclare dans un communiqué «suivre avec inquiétude» ces évènements et «leur impact sur les civils», appelant à une «désescalade immédiate», au «dialogue» et à «préserver les progrès accomplis sur le plan de la sécurité ces dernières années».

Selon des médias locaux, des véhicules blindés et pick-up armés se sont déployés lundi soir dans plusieurs secteurs à l’est et au sud de Tripoli après l’interpellation du chef de la Brigade 444, Mahmoud Hamza, à l’aéroport de Mitiga, situé dans un secteur contrôlé par la Force al-Radaa. Des tirs nourris notamment à l’arme lourde ont retenti à Ain Zara, au sud-est de Tripoli, avant de s’étendre à d’autres secteurs près de l’aéroport et de l’université de Tripoli, où les cours ont été suspendus. Les autorités de Mitiga ont également suspendu le trafic aérien et dévié les vols vers Misrata, à 200 km plus à l’est, évacuant aussi les appareils stationnés sur le tarmac.

Tard mardi, le «conseil social», formé de notables et personnalités influentes de Soug el-Joumaa, secteur du sud-est de Tripoli et fief de la Force al-Radaa, a annoncé être parvenu à un accord avec le chef du gouvernement siégeant à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, pour transférer le colonel Mahmoud Hamza à une «partie neutre», sans la nommer.

Dans un communiqué lu à la télévision par son doyen, ce conseil a indiqué qu’une désescalade et un cessez-le-feu suivront cette mesure, ce qui a permis un retour au calme dans la nuit de mardi à mercredi à Tripoli.

Groupes armés et milices

La Brigade 444 dépend du ministère de la Défense et est considérée comme le plus discipliné des groupements armés de l’ouest libyen. Elle contrôle notamment les banlieues sud de Tripoli mais aussi les villes de Tarhouna et de Bani Walid, sécurisant les routes reliant la capitale au sud du pays.

La Force al-Radaa est une puissante milice qui fait office de police à Tripoli, et arrête aussi bien des jihadistes que des délinquants de droit commun. Elle se présente comme un organe de sécurité indépendant des ministères de l’Intérieur et de la Défense et contrôle le centre et l’est de Tripoli ainsi que la base aérienne de Mitiga, l’aéroport civil et une prison.

Fin mai, des combats entre les deux groupes, jusque dans des rues bondées du centre de Tripoli, avaient fait des blessés légers. En juillet et août 2022, des affrontements entre al-Radaa et d’autres groupes armés avaient fait une cinquantaine de morts à Tripoli.

Mis à jour mercredi 16 août à 08h37 : avec le nouveau bilan.

Mis à jour mercredi 16 août à 16h30 : avec un bilan actualisé.