Dimanche 24 août, l’Ocean Viking navigue dans les eaux internationales, à une quarantaine de milles nautiques (74 km) au large de la Libye. Avec 87 rescapés à son bord, surtout des Soudanais originaires du Darfour sauvés la veille et dans la matinée, le principal bateau humanitaire de l’ONG SOS Méditerranée s’apprête à venir en aide à un autre canot en détresse, à plus de quatre heures de sa position, lorsqu’il est approché par un bateau militaire libyen.
«J’assurais une veille aux jumelles lorsque nous avons vu une forme rectiligne sortir de la ligne d’horizon, témoigne Antoine Le Scolan, avocat et membre de l’équipage de l’Ocean Viking lors de cette mission humanitaire. Nous avons d’abord cru qu’il s’agissait du mât d’un voilier, puis d’une plateforme pétrolière. Au bout de quelques secondes, nous avons compris qu’il s’agissait d’un patrouilleur libyen. Il avançait à toute vitesse, entre 20 et 30 nœuds [37 à 55 km/h, ndlr]. Lorsqu’il s’est retrouvé à environ 400 mètres de nous, nous avons compris que la situation devenait critique.»
«Des armes pointées vers nous»
A ce moment-là, l’Ocean Viking se trouve dans la zone de sauvetage libyenne (plus étendue que les eaux territoriales), mais agit dans son droit. Plutôt que de secourir les personnes en détresse, les gardes-côtes libyens sont accusés de les intercepter et les ramener de force en Libye,