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Crise

Macron exhorte son gouvernement à plus de fermeté vis-à-vis de l’Algérie

Dans une lettre adressée ce mercredi 6 août à son Premier ministre, François Bayrou, le président de la République demande de plus amples mesures de rétorsion face à Alger, qui détient deux ressortissants français.
Emmanuel Macron, à Paris, le 12 juillet. (Tom Nicholson/AFP)
publié le 6 août 2025 à 20h50

La France doit agir «avec plus de fermeté et de détermination» vis-à-vis de l’Algérie, a exhorté ce mercredi 6 août Emmanuel Macron dans une lettre adressée à son Premier ministre, invoquant le «sort réservé» à Boualem Sansal et Christophe Gleizes. Ainsi, il exige de son gouvernement «des décisions supplémentaires».

«La France doit être forte et se faire respecter», a fait valoir le président dans sa missive, publiée par le Figaro. «Elle ne peut l’obtenir de ses partenaires que si elle-même leur témoigne le respect qu’elle exige d’eux. Cette règle de base vaut pour l’Algérie aussi», écrit-il encore dans cette lettre qui marque une nouvelle étape dans la crise diplomatique aiguë que traversent les deux pays.

Pour justifier ce tour de vis, Emmanuel Macron mentionne en premier lieu les emprisonnements de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans d’emprisonnement ferme notamment pour «atteinte à l’unité nationale», et du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison en Algérie pour «apologie du terrorisme».

Mais il fait également référence au «non-respect par l’Algérie de ses obligations» en matière migratoire, ainsi que «la cessation de la coopération des 18 consulats algériens présents sur notre sol avec les services de l’Etat».

Suspension de l’accord de 2013

Parmi les mesures demandées au gouvernement, le chef de l’Etat appelle à suspendre «formellement» l’accord de 2013 avec Alger «concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques». Une décision qui acte une situation de fait : le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, avait annoncé le 14 mai «le renvoi en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n’auraient pas actuellement de visa». La France réagissait alors à une décision «injustifiée et injustifiable» d’Alger d’expulser des fonctionnaires français, avait-il dit.

Emmanuel Macron demande également au gouvernement d’user «immédiatement» d’une disposition de la loi immigration de 2024, le «levier visa-réadmission (LVR)» qui «permet de refuser les visas de court séjour aux détenteurs de passeports de service et diplomatiques, tout comme les visas de long séjour à tous types de demandeurs».

«Sans repos et sans répit»

Le président demande en outre à son Premier ministre «d’instruire le ministre de l’Intérieur», Bruno Retailleau, tenant d’une ligne dure vis-à-vis d’Alger, «de trouver au plus vite les voies et moyens d’une coopération utile avec son homologue algérien». Il «souhaite également que, face à la délinquance des individus algériens en situation irrégulière, le ministre de l’Intérieur et ses services agissent sans repos et sans répit».

Emmanuel Macron assure également que son objectif «reste de retrouver des relations efficaces et ambitieuses avec l’Algérie», alors qu’une large partie du peuple français entretient avec ce pays «un lien qui ne saurait être fragilisé par ces différends.»

Finalement, «la réponse des autorités algériennes à nos exigences en matière de coopération migratoire et consulaire déterminera la suite de nos démarches», poursuit le chef de l’Etat, ajoutant que «dès lors que le dialogue aura été rétabli, il nous faudra également traiter d’autres dossiers bilatéraux sensibles», citant «la dette hospitalière», «les menées de certains services de l’Etat algérien sur le territoire national, mais également les questions mémorielles en suspens».