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Libération
Reportage

Madagascar : à Antananarivo, le président Rajoelina déchu laisse derrière lui ses chantiers décriés

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Huit kilomètres d’autoroute et un téléphérique paralysé : les grands projets du chef de l’Etat renversé par les militaires le 14 octobre étaient devenus les symboles de sa gouvernance fantasque et du gaspillage des maigres fonds publics.

A Antananarivo, la ligne de téléphérique urbain controversée de l'ex-président a été ouverte au public en août, avant d'être fermée moins d'un mois plus tard. (POMA)
ParCélian Macé
Envoyé spécial à Antananarivo
Publié le 19/10/2025 à 16h06

En surplomb des rizières, à la sortie nord d’Antananarivo, une stèle en marbre proclame : «Pour les Africains, par les Africains.» Elle marque le kilomètre zéro de l’autoroute AR1 : la première voie rapide de l’histoire de Madagascar. Au dos de la borne, un graffiti : «Dégage Rajoelina.» Le désormais ex-président, renversé par le colonel Michael Randrianirina le 14 octobre à l’issue de trois semaines de manifestation des jeunes de la génération Z, a fui le pays dimanche dans un avion français. Il s’est réfugié à Dubaï, où est abritée une partie de sa fortune.

L’AR1 fut le plus important chantier du mandat et demi d’Andry Rajoelina. Et le symbole de sa gabegie. La quatre-voies de 260 km était censée relier la capitale, dans le centre du pays, à Tamatave, la grande ville portuaire de l’est. Son tracé, qui balafre une vaste zone de forêt protégée, a été dénoncé par une coalition d’ONG environnementales. Il doit permettre de désengorger la vieille route nationale côtière, en piteux état, et de raccourcir le trajet jusqu’à Tamatave : trois heures, au lieu de huit ou dix actuell