Menu
Libération
Catastrophe naturelle

Madagascar ravagé par un cyclone: au moins six morts

Libé Afriquedossier
La tempête Batsirai a atteint l’ouest de l’île dans la nuit de samedi à dimanche. Mananjary, ville côtière de 30 000 habitants, semble avoir été durement touchée.
Dans une localité de la région de Haute-Matsiatra touchée par un glissement de terrain après le passage du cyclone Batsirai à Madagascar, dimanche. (Alkis Konstantinidis/REUTERS)
publié le 6 février 2022 à 18h39

Maisons aux toits arrachés, arbres déracinés, routes coupées, terrains inondés : les premières images parvenues de Madagascar après le passage du cyclone tropical Batsirai, dans la nuit de samedi à dimanche, sont dramatiques. Au moins six personnes sont mortes et près de 48 000 ont été déplacées, d’après un premier bilan communiqué par SMS à l’Agence France Presse par un responsable de la gestion des catastrophes, Paolo Emilio Raholinarivo. Les perturbations des systèmes de communication empêchaient, dimanche après-midi, de se faire une idée précise des dégâts sur la grande île de l’océan Indien, l’un des pays les plus pauvres du monde.

Le cyclone a touché Madagascar samedi soir avec «un vent de 165 km/h et des rafales à 235 km/h», et a perdu de sa puissance dans la nuit. Météo-Madagascar redoutait samedi «des inondations ou crues, localisées ou généralisées, suite aux fortes pluies». Auparavant, Batsirai avait provoqué des pluies torrentielles pendant deux jours sur l’île de La Réunion, où 37 000 habitants étaient encore privés d’eau potable dimanche. La tempête se dirigeait ensuite vers le sud.

Sur la côte Est, à Mahanoro, les vagues ont emporté une partie du cimetière, déterrant à leurs passages plusieurs corps. Un peu plus au sud, à Mananjary, un autre glissement de terrain a été signalé, et une partie de cette ville de 30 000 habitants semble avoir été détruite. Un internaute a montré sur Facebook la population réfugiée à la mosquée.

Depuis plusieurs jours, les Malgaches se préparaient avec les faibles moyens dont ils disposent. En janvier, la tempête tropicale Ana avait déjà laissé derrière elle une soixantaine de morts et des dizaines de milliers de sinistrés. Toutes les écoles étaient fermées depuis vendredi.

Pénurie d’eau potable

Dans la ville côtière de Vatomandry, quelques heures avant l’arrivée de Batsirai, plus de 200 personnes s’entassaient dans une pièce d’un bâtiment de béton appartenant à des Chinois pour se protéger, des familles dormant sur des nattes ou des matelas, a constaté l’AFP. Un responsable local, Thierry Louison Leaby, se plaignait du manque d’eau potable, l’approvisionnement ayant été coupé avant la tempête. «Les gens cuisinent avec de l’eau sale», s’est-il inquiété, craignant une épidémie de diarrhée. Dehors, de la vaisselle et des gobelets en plastique recueillaient l’eau de pluie s’écoulant des toits en tôle ondulée.

Vendredi, avant son arrivée, l’impact du cyclone à Madagascar était annoncé comme «considérable», selon un porte-parole du Bureau de coordinations des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU sur l’île. La directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) pour Madagascar, Pasqualina Di Sirio, anticipait «une crise majeure» touchant plus de 600 000 personnes. Environ 4,4 millions de personnes, sur 28 millions d’habitants, sont menacées d’une façon ou d’une autre, selon la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant rouge (FICR).

Une famine «climatique» ?

Le sud de Madagascar souffre depuis trois ans d’une sécheresse qui provoque une situation de catastrophe alimentaire, qualifiée par un rapport des Nations unies en novembre de «première famine climatique au monde». Cette définition est contestée par une partie des experts.

Pendant la saison cyclonique, de novembre à avril, une dizaine de tempêtes ou cyclones devraient traverser le sud-ouest de l’océan Indien. Les phénomènes étant nommés chaque année suivant l’ordre alphabétique, après Ana et Batsirai vont arriver Cliff, Dumako, Emnati, Fezile, etc. Il est impossible de prévoir leur force, leur trajectoire, et s’ils seront aussi virulents que les deux premiers de 2022.