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Chroniques du Sahel

Maliens en Mauritanie : «l’odeur du sang dans le nez» et personne à qui parler

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De nombreux réfugiés maliens en Mauritanie souffrent de stress post-traumatique. Leur traitement est fondamental pour retrouver le chemin de la paix et de la reconstruction.
En 2022, des réfugiés maliens devant un centre d'enregistrement du camp de Mbera à Bassikounou (Mauritanie). (Guy Peterson/AFP)
par Ferdaous Bouhlel, chercheuse indépendante et consultante en médiation de paix et gestion des conflits
publié le 21 mai 2025 à 12h33

Chaque mois, des chercheur·ses spécialistes du Sahel livrent à Libération leurs réflexions, leurs éclairages, leurs amusements, leurs colères ou leurs opinions sur la région.

Omar est un réfugié, originaire du centre du Mali. Il a 57 ans. Il m’a raconté comment les militaires sont venus dans son village, ont enlevé plusieurs personnes, les ont tuées, et lui ont demandé de creuser leur tombe : «J’ai creusé jusqu’à l’épuisement, je ne savais plus si c’était le jour où la nuit, ensuite j’ai jeté les corps dans le trou.» En me parlant, il a les yeux exorbités, il me dit qu’il ne dort plus, qu’il a encore l’odeur du sang dans le nez, qu’il ne peut plus rien avaler.

Ce que Omar relate sont les symptômes courants d’un TSPT (trouble du stress post-traumatique, plus connu sous son acronyme anglais, PTSD). Les témoignages de réfugiés décrivant ces symptômes sont nombreux : troubles du sommeil, flash-back, manque d’appétit, obusite, état catatonique, isolement, honte de soi. Ces manifestations touchent toutes les couches sociales, hommes et femmes. Des organisations humanitaires ont constaté une forte prévalence chez les éleveurs maliens.