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Rencontre

Maman Jeanne, sur le front invisible des violences sexuelles en RDC

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Depuis plus de trente ans, Jeanne Nacatche Banyere recueille orphelins et survivantes de viols dans l’est du Congo, sans moyens mais avec une foi inébranlable.

Jeanne Nacatche Banyere, activiste à Goma, en république démocratique du Congo, le 23 mai 2025. (Arlette Bashizi/Libération)
ParPatricia Huon
envoyée spéciale à Goma (RDC)
Publié le 27/09/2025 à 15h33

Lorsqu’elle se lève, elle boite un peu, son pied gauche est gonflé. «Ce n’est rien, juste mon diabète», murmure-t-elle. Jeanne Nacatche Banyere a la nonchalance de celles qui en ont déjà trop vu. Une manière de se protéger, sans doute, de ne pas perdre le contrôle. Immédiatement, sans autre forme de présentation, elle nous serre dans ses bras, comme par habitude. Quand une femme passe sa porte, elle ne pose pas de question : «J’essuie ses larmes. Après un viol, elle se sent brisée et seule. En lui apportant du réconfort, je l’aide à retrouver sa dignité.»

Depuis l’intensification de la guerre qui oppose le mouvement rebelle M23 – soutenu par le Rwanda – aux forces armées congolaises et les milices alliées, dans l’est de la République démocratique du Congo, «Maman Jeanne», 64 ans, se bat sur une autre ligne de front. Les organisations humanitaires font état d’une nouvelle explosion des violences sexuelles, imputées à toutes les parties prenantes au conflit, mais aussi à des civils dans un contexte d