«Libérez-les tous» et «pas de justice climatique sans droits humains». Des centaines de militants à la COP 27 en Egypte se sont rassemblées samedi autour de la sœur du détenu politique égypto-britannique Alaa Abdel Fattah, en danger de mort après sept mois de grève de la faim.
Pour la plus grande manifestation à l’intérieur même de la «Zone bleue» où ont lieu les négociations, la foule a défilé entre les pavillons officiels à Charm el-Cheikh. Parmi les orateurs se trouvait Sanaa Seif, la sœur d’Alaa Abdel Fattah, qui a déjà organisé deux conférences de presse remarquées à la COP 27 mardi. A chacune d’elles, elle avait été prise à partie par des responsables égyptiens proches des autorités, affirmant que son frère n’était pas un «détenu politique» mais un «criminel».
«Je suis sûre que les puissants pensaient que je ne serai pas entendue mais je trouve ici une famille qui m’attend […] venue du monde entier», a lancé un militant lisant un communiqué de Sanaa Seif devant la foule.
Bras de fer
Son frère, blogueur pro démocratie devenu icône du Printemps arabe, a durci dimanche son bras de fer avec l’autorité pénitentiaire, qui retient selon les ONG 60 000 détenus politiques en Egypte. Pour l’ouverture de la COP 27 dimanche, il a cessé de boire après sept mois passés à n’ingérer que 100 calories par jour. Après plus de deux ans de détention, il avait décidé en avril de ne plus avaler qu’un verre de thé et une cuillère de miel par jour.
Changement de stratégie
Depuis, sa famille qui le dit en danger de mort multiplie les appels à la communauté internationale - et à Londres en premier lieu puisque tous les membres de la famille ont un passeport britannique. Après que plusieurs dirigeants occidentaux ont évoqué son cas avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le dernier en date étant le président américain Joe Biden vendredi, la famille du prisonnier a changé de stratégie.
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Vendredi soir, son avocat et son autre sœur, Mona Seif, ont annoncé avoir formellement déposé une nouvelle demande de grâce présidentielle, soulignant notamment qu’Alaa était «le seul homme de la famille après le décès de son père», grand avocat des droits humains, il y a sept ans, et que son fils, «atteint d’autisme avait perdu la parole» depuis sa dernière arrestation.
Des arguments qui semblent avoir porté puisque l’un des présentateurs de talk-shows les plus influents du pays, Amr Adib, grand partisan de Abdel Fattah al-Sissi Sissi, plaidait dès vendredi soir pour une grâce «car il faut voir l’intérêt de l’Egypte avant toute chose».
En avril, le président égyptien avait lancé une série de grâces présidentielles. De la poudre aux yeux, répond Amnesty International : en sept mois, 766 prisonniers politiques ont été libérés, mais 1 540 autres personnes sont entrées en prison pour délit d’opinion, pour certaines tout juste après avoir été libérées.
A Charm el-Cheikh, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a dit considérer Alaa Abdel Fattah comme «une priorité» et a réclamé que son cas soit «résolu au plus vite». Emmanuel Macron, quant à lui, a assuré que Abdel Fattah al-Sissi s’est «engagé» à ce que la santé d’Alaa Abdel Fattah «soit préservée» et dit «espérer des résultats» dans «les prochaines semaines et les prochains mois».
Le fait qu’Emmanuel Macron parle de «plusieurs mois» fait redouter le pire aux défenseurs des droits humains. Sanaa Seif a ainsi évoqué cette perspective à Charm-el-Cheikh, imaginant son frère «menotté à un lit et nourri de force contre son gré».