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Libération
Reportage

Manifestations au Niger : «On n’en veut qu’à la France, pas à ses citoyens !»

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Des milliers de personnes ont manifesté dans le calme ce jeudi 3 août à Niamey à l’occasion de la Fête de l’indépendance et en soutien au coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, séquestré depuis huit jours.

Rassemblement lors de la Fête de l'indépendance et en soutien au coup d'Etat à Niamey (Niger), le 3 août 2023. (AFP)
Par
Amaury Hauchard
correspondance à Niamey
Publié le 03/08/2023 à 18h25

Doula bombe le torse. Il vient d’accrocher sur ses épaules un large drapeau russe, long et tout neuf. «On veut que la Russie nous apporte la sécurité, on ne veut rien d’autre, seulement la sécurité. On en a besoin, parce que les Français sont ici depuis 1960, et le pays ne s’est pas développé, et les jihadistes sont toujours là. La France, en fait, elle a fait quoi ici ?»

Il est 8 h 30, ce jeudi 3 août, quand cet entrepreneur d’une cinquantaine d’années arrive sur la place de la Concertation, en centre-ville de Niamey, où un appel à rassemblement pour la fête de l’indépendance a été lancé. Des milliers de personnes affluent par tous les axes. L’ambiance est joviale. Un remix musical du discours de prise de pouvoir en 1974 de Seyni Kountché, resté treize ans au pouvoir, grésille dans les baffles. Doula reprend : «Mais attention, nous, on ne veut pas que les ressortissants français quittent le pays, seulement l’armée qui n’a rien fait ! Nous sommes ensemble ici, on travaille ensemble, comme les Africains qui sont en France en fait.»

Huit jours après le début de cette très longue tentative de coup d’Etat, opérée par la garde présidentielle de Mohamed Bazoum qui le retient toujours, sans qu’il n’ait encore démissionné, la parole s’est libérée contre l’ancienne puissance coloniale. D