Le 17 janvier, les autorités locales marocaines ont appelé Younes sur son téléphone pour lui faire part d’une décision déconcertante. Le photographe de 45 ans, propriétaire depuis trois ans d’une maison troglodyte dans le cœur historique du village d’Imsouane, a seulement vingt-quatre heures pour faire son sac et quitter les lieux. On l’informe que son logement traditionnel, situé sur le littoral prisé par les surfeurs du monde entier, sera démoli dans le cadre d’une opération de destruction pour «occupation illégale du domaine public maritime».
«Imsouane, c’est devenu Tchernobyl»
Après d’intenses tractations, les autorités ont finalement laissé quarante-huit heures aux centaines d’habitants pour sauver leurs objets de valeur. Certains se sont empressés de vendre le bois de leurs portes et fenêtres au kilo, en pleine rue. Depuis, des bulldozers ont débarqué dans la petite commune pour raser la majorité des maisons, restaurants, cafés et écoles de surf érigés près de la plage «Cathédrale». Cette partie du village pittoresque est méconnaissable. «Imsouane, c’est devenu Tchernobyl, lâche par téléphone Naila, 29 ans, une Marocaine qui vit dans la région depuis quatre ans. Du jour au lendemain, des populations vulnérables se sont retrouvées à la rue, sans source de revenus. Certains n’