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Interview

Massacre du réveillon au Nigeria : «Les divisions identitaires et la rivalité éleveurs-cultivateurs s’alimentent mutuellement»

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Nnamdi Obasi, de l’International Crisis Group, analyse la montée des tensions qui ont conduit à l’attaque du 24 décembre dans l’Etat de Plateau, faisant près de 200 morts.
A Bokkos, des habitants fuient la région après le massacre du réveillon, le 26 décembre. (AP)
publié le 29 décembre 2023 à 17h47

Les médias nigérians l’ont rapidement baptisé le «massacre du réveillon» ou «Noël noir». Le 24 décembre, une trentaine de villages de l’Etat de Plateau, dans le centre du pays, a été attaquée au cours de la même nuit par des groupes armés. La tuerie a fait au moins 198 morts et plus de 500 blessés. L’identité des assaillants reste floue, mais le président Bola Tinubu a promis que «ces envoyés de la mort, de la douleur et du chagrin n’échapperont pas à la justice».

L’Etat de Plateau appartient à une bande de territoire qui traverse le pays du nord-ouest au sud-est, le long des couloirs de transhumance du bétail, particulièrement marquée par les conflits entre cultivateurs et éleveurs. Le passage des troupeaux dans les champs est une source de tension permanente. La prolifération des armes automatiques a envenimé les querelles, qui ont pris une dangereuse tournure communautaire – les Peuls représentant 90 % des bergers au Nigeria. Nnamdi Obasi, analyste en chef sur le Nigeria à l’International Crisis Group, revient sur le contexte de cette attaque que «les habitants des villages perçoivent comme une campagne de déplacement for