Agbéyomé Kodjo est mort «président démocratiquement élu de la république togolaise». Ainsi se présentait officiellement l’opposant de 69 ans, qui n’avait jamais accepté sa défaite à l’élection présidentielle de février 2020. Y croyait-il vraiment ? Certainement pas, mais cette mascarade – il avait nommé puis remanié son gouvernement, désigné ses ambassadeurs – était sa façon de résister. D’après Agbéyomé Kodjo et ses partisans, les résultats définitifs de la Cour constitutionnelle, qui le créditaient de seulement 19 % des suffrages contre 72 % pour le chef de l’Etat sortant, Faure Gnassingbé, ont été grossièrement truqués. Contre toute attente, l’opposant s’est obstiné, s’accrochant jusqu’au bout à son titre dérisoire de «président légitime». Il est décédé d’une crise cardiaque au Ghana, où il vivait en exil, dimanche 3 mars.
Agbéyomé Kodjo n’a pas toujours été cet opposant intransigeant. Dans la première moitié de sa carrière, il fut, au contraire, un pilier du Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti unique au service du président Gnassingbé Eyadéma. Plusieurs fois ministre, directeur du très stratégique port autonome de Lomé, président de l’Assemblée nationale et même Premier ministre (2000-2002), l’homme politique est alors considéré comme l’un des barons du régime. Un dur, même. Il est