Ils voulaient fuir le choléra, et périssent au large du Mozambique. Le bilan du naufrage d’un bateau de pêche qui transportait 130 personnes, dans la soirée du dimanche 7 avril 2024, est monté à 96 morts ce lundi, ont annoncé les autorités locales lundi à l’AFP.
«Cinq autres [corps] ont été retrouvés ces dernières heures, nous parlons donc de 96 morts, a déclaré Silverio Nauaito, l’administrateur de la petite île située au large de la province septentrionale de Nampula, où s’est produit le drame. Les derniers corps identifiés sont ceux de trois enfants.» Des images circulant sur les réseaux sociaux semblent montrer des dizaines de corps recouverts de couvertures gisant sur une plage. Dans la matinée, onze personnes ont été retrouvées, mais le nombre de disparus reste incertain. Les secours continuent les recherches pour retrouver des survivants.
Interview
Le bateau, ferry de fortune, et inadapté pour un tel transport, accueillait de nombreux enfants. L’embarcation se dirigeait vers la petite île de Mozambique, qui a donné son nom à l’ancienne capitale de la colonisation portugaise – le Mozambique est indépendant depuis 1975 – et classée au patrimoine de l’Unesco.
L’un des pays les plus pauvres du monde
La plupart des passagers tentaient de fuir la terre ferme en raison de fausses informations sur une épidémie de choléra en cours, qui ont semé la panique, a indiqué le secrétaire d’Etat de la province, Jaime Neto, sans donner plus de précisions. Il a aussi annoncé qu’une enquête allait être menée pour déterminer les causes réelles du naufrage, tout en précisant que plusieurs survivants ont été hospitalisés.
Néanmoins, ce n’est pas la première fois que des fausses informations à ce sujet circulent sur les réseaux sociaux dans le pays, l’un des plus pauvres du monde. Près de deux tiers des 30 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Depuis octobre, selon les statistiques gouvernementales, le Mozambique a enregistré près de 15 000 cas de choléra, maladie transmise par l’eau souillée, parmi lesquelles 32 personnes sont mortes.
Guérilla jihadiste
La province de Nampula est la région la plus affectée, concentrant un tiers des cas. Elle a accueilli également ces derniers mois de nombreux déplacés fuyants des attaques jihadistes dans la province voisine de Cabo Delgado, dans le nord du pays.
Des vastes gisements de gaz naturel ont été découverts en 2010 dans cette même province. Mais une guérilla menée depuis 2017 par des jihadistes armés liés au groupe Etat islamique a mis un coup d’arrêt à cette exploitation. Plus de 5 000 personnes ont été tuées et près d’un million ont dû fuir leurs foyers depuis le début de ce conflit. Le groupe pétrolier TotalEnergies, a suspendu en mars 2021 un vaste projet après une attaque jihadiste d’envergure, qui a fait de nombreuses victimes.