A mesure que le soleil décline, la foule quitte les abords du cimetière. Assis sur un banc de faïence, Oussama Zarroug n’a pas conscience du mouvement. Tête baissée, il répète en boucle les mots «catastrophe» et «grave». Le 21 septembre, le jeune homme a perdu sept membres de sa famille dans le naufrage d’un bateau. A son bord, 18 migrants partis des côtes de Zarzis, à 550 km au sud de Tunis. Une tragédie tristement banale : depuis 2014, plus de 25 000 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Si Oussama Zarroug se retrouve désemparé aux abords du cimetière jeudi, ce n’est pas pour pleurer ses morts, mais pour tenter de les identifier. Le juge d’instruction du gouvernorat de Médenine (l’équivalent d’une préfecture) a ordonné récemment l’ouverture de plusieurs tombes au «Jardin d’Afrique». Ce cimetière, inauguré le 9 juin 2021, est dédié aux migrants subsahariens dont les corps non identifiés ont été retrouvés en mer. Le drame du 21 septembre a prouvé que les sépultures contiennent aussi des dépouilles de Tunisiens rejetées par la Méditerranée et enterrées sans respecter les procédures d’identifications, ni les rites funéraires. Une offense qui a provoqué une grève générale à Zarzis le 18 octobre. La veille,
Reportage
Naufrage en Tunisie : à Zarzis, les proches des «brûleurs de frontière» en quête de vérité
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Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
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Les funérailles d’un migrant tunisien disparu en mer à Zarzis, le 18 octobre, jour de grève générale dans la ville. (Fathi Nasri/AFP)
par Mathieu Galtier
publié le 25 octobre 2022 à 20h48
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