Le désengagement des troupes et des matériels français déployés au Niger, ordonné le 24 septembre par le président de la République, «commence cette semaine», a annoncé ce jeudi 8 octobre matin le ministère des Armées dans un communiqué laconique. Le défi est de taille : il faut, d’ici Noël, évacuer, «en bon ordre et en sécurité», selon les termes officiels, les 1 400 militaires encore présents dans ce pays du Sahel. Logiquement, les 400 militaires déployés dans les deux postes avancés situés dans la zone des trois frontières, à la demande du gouvernement précédent, pour combattre les jihadistes présents dans le Nord, devraient être les premiers à lever le camp, puis ce sera le tour de la base aérienne projetée de Niamey d’être démantelée. Ce qui veut dire à la fois démonter les garages, les ateliers de réparation des véhicules et des avions, les postes médicaux, les bureaux, et convoyer hors du pays des milliers de conteneurs tout en conservant sur place le personnel et le matériel nécessaires au désengagement.
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Le délai est très court, même si l’armée est rompue à ce genre de manœuvres – le retrait du Mali avait nécessité une logistique sans faille. Mais surtout, pour être efficace, elle nécessite une coordination étroite avec les autorités locales. Or, les relations avec le régime militaire issu du coup d’Etat du 26 juillet sont très tendues, et la France a retiré la semaine dernière son personnel diplomatique sur place à la demande des putschistes. Le régime militaire a déclaré, jeudi, que le retrait des militaires français se fera selon ses «conditions» et dans le respect de ses «intérêts». Comme il a interdit aux avions français de traverser son espace aérien, le transport ne pourra s’effectuer que par la route, en direction d’autres emprises françaises en Afrique, comme le Tchad, ou des ports du golfe de Guinée – mais l’option du Bénin n’est pour l’instant pas autorisée par la junte. Et rien ne dit que Niamey acceptera que des logisticiens puissent venir de France en renfort, comme cela avait été le cas au Mali.
La sécurité des personnels est un autre point noir, en particulier sur la route qui relie les postes avancés du Nord à la capitale, alors que le Niger est en proie à une recrudescence de violences terroristes. Mardi, 29 soldats nigériens sont morts dans une attaque jihadiste «combinant l’utilisation d’engins explosifs improvisés et de véhicules kamikazes par plus d’une centaine de terroristes», près de la frontière avec le Mali, a indiqué le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, militaires au pouvoir.