«L’opération d’évacuation des ressortissants souhaitant quitter le pays a pris fin», annonce ce jeudi 3 août au matin le ministère des Affaires étrangères. Avec l’atterrissage du cinquième avion affrété par l’armée française en deux jours à Paris, «1 079 Français et européens sont désormais en sécurité», s’est félicité le ministre des Armées Sébastien Lecornu en fin de matinée sur Twitter.
Le gouvernement français avait donné l’ordre de quitter le pays mardi, en raison du putsch militaire dans le pays il y a une semaine et après la manifestation violente contre l’ambassade de France à Niamey dimanche. Le Quai d’Orsay avait aussi argué que l’espace aérien était fermé et que les Français ne pouvaient plus quitter le pays par leurs propres moyens. Depuis, les frontières ont été partiellement rouvertes.
Reportage
Le général Abdourahamane Tchiani, qui a pris le pouvoir à Niamey à la tête de militaires putschistes, a estimé mercredi soir que les Français «n’ont aucune raison objective de quitter le Niger». Les ressortissants français «n’ont jamais été l’objet de la moindre menace» et ils n’ont «aucune raison objective de quitter le Niger», a déclaré le général Tchiani dans un discours télévision à la veille de la fête de l’indépendance du pays, ex-colonie française
Mais «alors que plusieurs appels à manifester sont diffusés pour le [jeudi] 3 août», jour des commémorations de l’indépendance du pays, selon le ministère des Affaires étrangères, Paris «a demandé aux forces de l’ordre nigériennes de prendre les dispositions nécessaires pour s’assurer que la sécurité des emprises diplomatiques étrangères à Niamey, particulièrement celles de la France, sera pleinement garantie», d’après un communiqué du Quai d’Orsay. Et pour cause : des centaines de partisans des militaires putschistes ont commencé dans le courant matinée à se rassembler ce jeudi dans le centre de la capitale nigérienne, place de l’Indépendance. Ils se sont réunis, certains avec de grands drapeaux russes en main, à l’appel du M62, coalition d’organisations de la société civile «souverainiste».
Les Américains évacuent en partie
Les Etats-Unis ont ordonné mercredi l’évacuation de leur personnel non essentiel à l’ambassade à Niamey, après le coup de force de militaires putschistes contre le président nigérien Mohamed Bazoum, a annoncé le département d’Etat. Dans le même temps, celui-ci a élevé son niveau d’alerte pour le Niger qui passe de 3 à 4, déconseillant à tout ressortissant américain de se rendre dans le pays en raison de la situation sécuritaire sur place.
Décision similaire pour le Royaume-Uni ce jeudi : «En raison de la situation sécuritaire, l’ambassade britannique à Niamey réduit temporairement le nombre de ses employés», souligne le ministère britannique des Affaires étrangères sur son site réservé aux conseils aux voyageurs, évoquant «des protestations qui peuvent être violentes» et «une situation qui peut changer rapidement sans prévenir». Un premier groupe de ressortissant britannique a d’ailleurs quitté le pays en toute sécurité, selon leur ministre des Affaires étrangères James Cleverly.
Les Etats-Unis disposent encore de quelque 1 000 soldats déployés dans le pays dans le cadre de la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel. La France, elle, compte environ 1 500 militaires avec la même mission, dont le départ n’est «pas à l’ordre du jour», selon l’état-major des armées françaises.
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Jeudi, le président américain Joe Biden a demandé pour la première fois la «libération immédiate» de son homologue nigérien et sa famille, ainsi que la «préservation de la démocratie conquise de haute lutte au Niger». Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’était entretenu la veille avec Mohamed Bamercredi, réitérant le soutien des Etats-Unis au rétablissement du président élu dans ses fonctions, en accord avec les pays d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). «Les Etats-Unis sont résolus à trouver un règlement pacifique qui permettra au Niger de rester un partenaire fort dans la sécurité et le développement de la région», affirme un communiqué du porte-parole du département d’Etat.
Une intervention militaire au Niger «est la toute dernière option sur la table, le dernier recours» pour rétablir le président Mohamed Bazoum, a assuré mercredi un responsable de la Cédéao. «mais nous devons nous préparer à cette éventualité», a-t-il admis. La Cédéao, présidée par le président nigérian Bola Tinubu, a imposé de lourdes sanctions à Niamey. Elle a donné jusqu’à dimanche aux putschistes pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions, sous peine d’utiliser «la force».
Mise à jour : à 11 h 58, avec le nombre total de personnes évacuées par la France.