En menant un triple attentat-suicide dans la ville de Gwoza, dans l’Etat de Borno, samedi 30 juin, Boko Haram s’est rappelé au mauvais souvenir des Nigérians. Le mouvement jihadiste est aujourd’hui divisé en deux grandes branches, Jama’atu Ahlis-Sunna Lidda’awati Wal Jihad (JAS), héritier du groupe historique, et la Province Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique (Iswap), affilié à Daech. Vincent Foucher, chercheur au CNRS, travaille sur ces groupes depuis 2016. Il a notamment réalisé des entretiens avec des jihadistes qui ont fait défection.
Qu’est-ce qui différencie ces deux groupes jihadistes nigérians ?
La première différence, depuis toujours, c’est le rapport aux civils. JAS, le groupe dirigé par Abubakar Shekau [mort en 2021, ndlr], considère que les civils musulmans qui ne lui ont pas fait allégeance sont des infidèles (kouffar) susceptibles d’être tués, rançonnés ou réduits en esclavage. Iswap, l’autre groupe, lié à l’Etat islamique au Levant, a une logique plus nuancée. Il considère qu’avec les civils musulmans, il faut nouer des relations fonctionnelles, construire une relation de long terme, les traiter correctement et même les protéger. C’est notamment sur ce point de désaccord que des jihadistes critiques de Shekau ont décidé de le quitter en 2016, ont formé leur propre faction et ont obtenu la reconnaissance de l’EI.
Cette différence a-