Ce sont des êtres évanescents, des spectres, qui émergent des entrailles de la terre. Emaciés, le teint de mort, les vêtements sales et déchirés, pieds nus ou flottant dans des bottes en caoutchouc trop grandes, aveuglés par le soleil, les mineurs clandestins refont surface par petits groupes, alors que plusieurs centaines d’entre eux se trouveraient toujours dans les galeries de la mine d’or désaffectée de Stilfontein, à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg. Ils y sont coincés depuis novembre. Un jeune homme, chancelant, est soutenu par deux policiers qui l’emmènent vers une ambulance.
La semaine dernière, un tribunal a ordonné au gouvernement sud-africain d’organiser sans délai une opération de sauvetage – ce que les autorités se refusaient à faire jusque-là, considérant les orpailleurs illégaux comme des «criminels». Depuis lundi, une centaine de survivants, et 60 corps, ont été remontés. «Trop tard», déplore Mzukisi Jam, un porte-parole de la société civile, qui dénonce «un massacre» qui aurait pu être évité. En se basant sur les témoignages des mineurs remontés à la surface, Jam estime que plus d’une centaine de personnes auraient déjà perdu la vie. Des vidéos, filmées sous terre par les mineurs sur un téléphone portable, ont également été