Une main sur la hanche, l’autre sur son GPS, Abbas Ahmat Kosseï ressemble à un poteau planté au milieu du désert. Il regarde à droite, à gauche, mais ne bouge pas. Où sont ces foutues roquettes ? Il les avait recouvertes de branches il y a quelque temps pour que des enfants ne jouent pas avec, mais ici, en plein Sahara tchadien, les buissons secs se ressemblent tous. Les coordonnées GPS sont pourtant bonnes, peste-t-il. Finalement, les voilà. Les munitions étaient bien cachées, à quelques mètres seulement. «On a fait du bon travail, dit-il en riant. Tant qu’on ne le touche pas, il n’y a pas de danger d’explosion, vous pouvez approcher.»
Un turban et des lunettes de soleil recouvrent les trois quarts de son visage sur lequel ressort tout de même un petit sourire. Abbas Ahmat Kosseï, 40 ans, originaire d’une région du nord du Tchad déchirée par plusieurs conflits depuis l’indépendance, n’a pas choisi, comme la plupart de ses amis, de s’engager dans l’armée. Ce père de trois enfants en bas âge, diplômé d’économie en Algérie, a préféré s’investir dans la gestion de l’après-guerre. Comment dépolluer les mille champs de bataille que compte le Tchad ? Comment informer les habitants que ce vieil obus de mortier qui traine dans le sable n’est pas un jeu pour enfants mais un engin de mort ?
Dessins imprimés
Avec deux collègues du Haut-Commissariat national au déminage tchadien (HCND), détachés auprès de l’ONG britannique M