Ils se sont rencontrés dans un coin de désert brûlant du nord du Mali, le 18 mars. Les deux hommes étaient encore captifs, otages du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaeda. L’un et l’autre avaient pourtant compris que la fin de leur détention approchait. Leur libération conjointe est intervenue deux jours plus tard. Le journaliste Olivier Dubois, enlevé en avril 2021 à Gao, dans le nord du Mali, et l’humanitaire américain Jeffery Woodke, kidnappé en octobre 2016 à Abalak, le village du Niger où il vivait depuis plus de vingt ans, se sont revus pour la première fois, par écrans interposés, fin juin. La visioconférence était organisée dans les locaux de Libération. Entre eux, ils ont parlé de leur expérience d’otages – solitaire et opiniâtre pour l’Américain, domestique et «stratégique» pour le Français – mais aussi des difficultés de la «vie d’après». Retrouvailles.
Olivier Dubois : Waouh, ce n’est pas le même Jeffery que j’ai quitté il y a trois mois. Ça fait plaisir de te voir comme ça ! Tu as les cheveux courts, maintenant ?
Jeffery Woodke : (Il sourit)<