A quelques heures d’intervalles, deux hommes – que tout oppose, à première vue – ont été violemment attaqués dans les rues de Kampala, un troisième a perdu la vie. Dans les deux cas, les assaillants, non identifiés, sont arrivés à moto et ont cherché à tuer. Mardi soir, la voiture du pasteur évangéliste Aloysius Bugingo a été visée par des tirs alors qu’il circulait à Namungoona, un quartier du nord-ouest de la capitale. Son garde du corps, Richard Muhumuza, membre des forces spéciales de l’armée ougandaise, a été atteint mortellement par une balle, tandis que le pasteur, légèrement blessé, a pu conduire son véhicule jusqu’à un hôpital voisin, où il a été pris en charge. Le lendemain matin, Steven Kabuye, défenseur des droits LGBT, a été poignardé à plusieurs reprises en pleine rue alors qu’il sortait de chez lui. Laissé pour mort, il a été retrouvé par des voisins qui l’ont transporté au centre de santé.
A priori, rien ne relie ces deux tentatives de meurtre survenues à Kampala lors de cette nuit du 2 au 3 janvier. Mais elles ont visé deux personnages en vue en Ouganda, pour des raisons radicalement différentes. L’un est un défenseur acharné du pouvoir du président Museveni, à la tête du pays depuis trente-huit ans, l’autre un bouc émissaire de ce même pouvoir. Aloysius Bugingo, 51 ans, est un chrétien évangélique born again et un entrepreneur religieux à succès, à la tête d’une influente église pentecôtiste de Kampala, le Ministère de la Maison de la p