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Libération
Reportage

«Personne ne veut partir» : dans la ville de Derna désolée, une volonté de renaissance

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Inondations meurtrières en Libyedossier
Deux semaines après les inondations qui ont fait des milliers de morts en Libye, la mer continue de rejeter des corps par dizaines. En deuil et choqués, les habitants de la ville dévastée pensent déjà à la reconstruction.
A Derna, le 20 septembre. (Amr Alfiky/REUTERS)
publié le 24 septembre 2023 à 11h35

Blottie sur les genoux du conducteur de tractopelle, Lisa, chaton aux poils ébouriffés, est apeurée mais en vie. «Ce sont les Turcs qui l’ont trouvée, cachée dans ce bâtiment», indique le nouveau maître du félin en montrant un immeuble éventré. Au rez-de-chaussée, un magasin de chaussures n’expose plus qu’un escarpin poussiéreux. Au deuxième étage, une cuvette de toilettes retenue par une tige de béton pend dans le vide.

La dizaine de sauveurs du jour, membres de l’agence turque de gestion des catastrophes et des urgences (Afad), refusent de parler : trop de travail. La découverte miraculeuse de Lisa ne saurait occulter les cadavres que le «ground zéro» de Derna ne cesse de recracher depuis la nuit du 10 au 11 septembre et le passage de la tempête Daniel. Selon un bilan publié dans la soirée du 23 septembre, et qui ne comprend que les corps enterrés et recensés par le ministère de la Santé du gouvernement de l’Est libyen, la catastrophe a fait au moins 3 800 morts. Des milliers d’habitants