Ce vendredi, les fidèles sont sommés, dès la fin de la prière de la mi-journée, de plier leurs tapis et de rentrer chez eux. Les mosquées d’Alger sont habituellement le point de départ des manifestants hebdomadaires qui descendent vers le centre-ville, la foule s’agglutinant peu à peu sur la route. Un déploiement sécuritaire de grande ampleur a empêché cette fois-ci la formation des premiers cortèges dans la capitale algérienne, la police dispersant immédiatement toute tentative de regroupement.
Amine, 19 ans, chômeur, se cache dans une des ruelles perpendiculaires au boulevard Mohamed V, espérant en vain le départ de la marche pour se noyer dans la foule… «Quand il n’y a pas beaucoup de monde, il n’est pas bon de s’afficher un vendredi», explique-t-il. A 14h40, un jeune homme ose soudainement se montrer en entonnant, en pleine rue, un slogan du Hirak, le mouvement de contestation : «Etat civil, pas militaire !» Il est rapidement embarqué par les forces antiémeutes, dont les camions ont quadrillé les principales artères d’Alger. Le quartier populaire de Bab el-Oued, traditionnel réservoir de manifestants, a été placé sous haute surveillance depuis le matin. De même pour la place du 1er-Mai, la Grande Poste et la place Audin, les sites de rassemblement habituels des marcheurs du vendredi.
Menace mise à exécution
Est-ce la fin de la «cohabitation» entre le mouvement de contestation du Hirak et le pouvoir algérien ? Depuis le 9 mai, les marches hebdomadaires ne sont plus tolérées sans un q