Qui aurait pu imaginer un tel engouement ? En cette fin septembre, les rues de Bafoussam, dans l’ouest du Cameroun, vibrent avec un enthousiasme inattendu au passage d’Issa Tchiroma Bakary, devenu le candidat le plus populaire parmi les douze en lice pour la présidentielle de dimanche 12 octobre. Emergeant du toit ouvrant de sa voiture, Tchiroma fait le signe de la victoire, entouré d’une nuée de moto-taxis. Sur le trottoir, la foule scande : «Le changement !» Comme si l’espoir était à nouveau possible, avant un scrutin qui paraît joué d’avance au profit de l’homme fort du pays : Paul Biya, l’inamovible président au pouvoir depuis quarante-trois ans, candidat à un huitième mandat, à 92 ans.
La «Tchiromania» est pourtant bien réelle. Comme à Bafoussam, les mêmes scènes d’accueil triomphal se jouent à Yaoundé et à Douala, les deux principales villes du pays. A chaque fois, des milliers de Camerounais descendent dans la rue pour soutenir cet homme de 78 ans qui était jusqu’en juin… un fidèle ministre de Biya.
«Mieux vaut le diable que Biya»
Personne n’aurait parié sur cet opposant de la dernière heure, originaire du nord du pays, qui a été pendant quatorze ans le défenseur zélé du régime, notamment en tant que ministre de la Communication. D’autant que Maurice Kamto