Les projecteurs qui entourent l’immense esplanade de la promenade des Thiessois fatiguent les pupilles de la centaine de courageux qui ont veillé toute la nuit. Il est 5 heures du matin, les braves se frottent les yeux, se servent en silence des petits cafés sucrés. Ils ne chantent plus. Ils s’assoient sur des pierres, les batteries des téléphones sont déchargées mais ils refusent de rentrer chez eux. La place, au cœur de Thiès, la troisième ville du Sénégal, était noire de monde la veille au soir. La rumeur annonçait le passage du convoi du candidat favori de l’opposition à l’élection présidentielle, Bassirou Diomaye Faye. Il déboule finalement ce vendredi 22 mars au petit matin, après avoir roulé toute la nuit, 500 kilomètres sans interruption depuis l’est du pays.
Une nuée de motards précède le cortège. Ils traversent l’esplanade en hululant comme des Indiens de western. Une vieille Peugeot dérape en rond, l’odeur de pneu brûlé prend à la gorge. Comme par magie, des milliers de personnes sortent de l’obscurité pour rentrer dans le cercle des projecteurs. Où étaient-elles il y a un quart d’heure ? Des fumigènes colorent la nuit. Des torches improvisées avec une bombe antimoustique et un briquet saluent l’arrivée du candidat. Ses gardes du corps portent des masques de film d