Menu
Libération
Droits de l'homme

Procès du massacre du 28 septembre 2009: un test historique pour la justice en Guinée

Article réservé aux abonnés
Dix accusés, dont l’ex-président guinéen Moussa Dadis Camara, comparaissent devant la justice, treize ans après le massacre de civils dans un stade de Conakry, où 157 hommes avaient été tués et plus de 200 femmes violées et mutilées. Une première dans l’histoire du pays depuis son indépendance en 1958.
L'ancien président guinéen Moussa Dadis Camara face aux juges à Conakry, au premier jour du procès du massacre du 28 septembre 2009, treize ans jour pour jour après les faits. (Reuters)
publié le 29 septembre 2022 à 14h47

«Puis-je garder mes lunettes ?» a poliment demandé Moussa Dadis Camara au président du tribunal qui l’invitait à décliner son identité avant d’énoncer les charges retenues contre lui. Au premier jour du procès du massacre du 28 septembre 2009, mercredi à Conakry, la question anodine de cet ancien putschiste, au pouvoir de décembre 2008 à janvier 2010, a «scotché» Boubacar Sanso Barry, éditorialiste du site d’info Ledjely : «On n’avait jamais eu l’occasion de voir un homme qui a été au sommet de l’Etat dans cette posture humble, amené à rendre des comptes.»

Rentré au pays natal ce dimanche, après douze ans d’exil dans la capitale burkinabée, Moussa Dadis Camara a comparu aux côtés de dix autres accusés. Ils sont soupçonnés d’avoir été les exécutants, coordonnateurs ou commanditaires des crimes commis le 28 septembre 2009. Ce jour-là, environ 50 000 personnes se rassemblent dans un stade de Conakry pour s’opposer à la candidature à la présidentielle de Moussa Dadis Camara. «Depuis l’indépendance, on n’avait vu que des militaires au pouvoir, des transitions sans limite. On voulait un civil démocratiquement élu»,