«Puis-je garder mes lunettes ?» a poliment demandé Moussa Dadis Camara au président du tribunal qui l’invitait à décliner son identité avant d’énoncer les charges retenues contre lui. Au premier jour du procès du massacre du 28 septembre 2009, mercredi à Conakry, la question anodine de cet ancien putschiste, au pouvoir de décembre 2008 à janvier 2010, a «scotché» Boubacar Sanso Barry, éditorialiste du site d’info Ledjely : «On n’avait jamais eu l’occasion de voir un homme qui a été au sommet de l’Etat dans cette posture humble, amené à rendre des comptes.»
Portrait
Rentré au pays natal ce dimanche, après douze ans d’exil dans la capitale burkinabée, Moussa Dadis Camara a comparu aux côtés de dix autres accusés. Ils sont soupçonnés d’avoir été les exécutants, coordonnateurs ou commanditaires des crimes commis le 28 septembre 2009. Ce jour-là, environ 50 000 personnes se rassemblent dans un stade de Conakry pour s’opposer à la candidature à la présidentielle de Moussa Dadis Camara. «Depuis l’indépendance, on n’avait vu que des militaires au pouvoir, des transitions sans limite. On voulait un civil démocratiquement élu»,